La ville n’avait pas été choisie au hasard. Après Perpignan en 2024, c’est à Narbonne (Aude) que s’est tenu, en 2025, le rassemblement du 1er‑Mai du Rassemblement national (RN), un rendez‑vous que le parti utilise pour afficher ses ambitions locales et départementales. Parmi les objectifs annoncés figure, selon Marine Le Pen, la volonté de « prendre des mairies dans une région et un département qui nous sourient ».
Une stratégie de conquête municipale affichée
Dans l’Aude, où le RN dispose désormais de trois députés élus en 2024 sur trois circonscriptions, la direction locale affiche l’intention de « poursuivre la dynamique » et de « transformer les essais dans plusieurs villes ». C’est ce qu’affirme Maxime Bot, délégué départemental du parti. Il rattache cette ambition aux résultats récents du RN dans le département et à la présence acquise au niveau parlementaire.
Maxime Bot, âgé de 30 ans et assistant parlementaire du député Julien Rancoule, figure aussi parmi les candidats qui brigueront des responsabilités municipales. Il sera tête de liste à Limoux, commune de 10 500 habitants connue pour son carnaval et pour la blanquette, vin pétillant local. Sur place, le discours tenu par le parti combine mise en avant des pourcentages électoraux et ciblage de communes jugées « emblématiques » : « Notre stratégie va se concentrer sur les grandes villes ou villages. On a fait des scores supérieurs à 55 % lors des législatives, on peut remporter certaines municipalités emblématiques », déclare-t‑il.
Des cibles identifiées dans un département marqué par les crises
L’Aude est décrit par les responsables locaux comme l’un des départements les plus pauvres de France. Le territoire porte également la mémoire récente des incendies qui ont ravagé la région des Corbières « cet été », avec des conséquences allant du littoral aux communes rurales, et touchant jusqu’à la préfecture, Carcassonne. Dans ce contexte, le RN affirme vouloir « frapper fort » et capitaliser sur ce qu’il présente comme une opportunité politique.
Plusieurs communes sont citées comme objectifs prioritaires : Narbonne, Gruissan, Lézignan‑Corbières et Castelnaudary. Pour cette dernière, le texte précise qu’il s’agira de la première fois qu’une liste d’extrême droite se présentera dans la course municipale, marquant ainsi une extension géographique des candidatures.
Les regards du parti se tournent toutefois surtout vers Carcassonne. Christophe Barthès, désigné dès le début de l’année comme tête de liste pour les élections municipales de 2026, concentre une partie importante des espoirs du RN dans le département. Élu député dans la 1re circonscription en 2024, il avait obtenu 61,44 % des voix face à Philippe Poutou (Nouveau Parti anticapitaliste). Le passage du mandat national à l’objectif municipal est présenté par ses partisans comme un prolongement de la dynamique électorale ; selon le récit local, Barthès « mène déjà une campagne intense ».
Implications et limites des objectifs affichés
Le discours du RN dans l’Aude mêle constats sociaux et calculs électoraux. La concentration sur des villes de taille moyenne et des communes rurales s’appuie sur des résultats législatifs récents et sur des figures locales promues au rang de têtes de listes. La répétition des événements publics, comme le rassemblement de Narbonne, vise à rendre visible cette stratégie et à mobiliser les soutiens.
Pour autant, le texte rapporté ne donne pas d’éléments chiffrés supplémentaires sur les forces locales détaillées quartier par quartier, ni sur les dissensions éventuelles au sein des listes. Il ne précise pas non plus le calendrier exact des désignations au‑delà de la mention de la tête de liste à Carcassonne ni les alliances éventuelles avec d’autres formations. Ces lacunes limitent l’évaluation précise des chances de victoire municipales à venir.
En l’état, le RN articule son discours autour de deux ressorts : l’exploitation des succès électoraux récents et la mise en avant de candidats locaux qui incarnent la transition du score national ou parlementaire à des objectifs municipaux concrets. Reste à observer si cette stratégie se traduira, lors des échéances municipales, par des gains effectifs dans les communes ciblées.