« Comment est-il possible, dans un pays de 265 000 habitants, d’avoir un corps électoral de 220 000 personnes ? », s’étonne l’historien Louis-José Barbançon.
La question revient avec insistance à l’approche d’un nouveau scrutin provincial, qui se tiendra en novembre ou en juin 2026. Elle met en lumière un écart numérique et institutionnel jugé préoccupant par des observateurs locaux et des acteurs politiques.
Un écart préoccupant entre population et électorat
Sur la base des chiffres disponibles, l’anomalie saute aux yeux. Avec une population totale évaluée à 265 000 habitants, un corps électoral recensé à 220 000 personnes paraît proportionnellement très élevé. En 2019, l’archipel comptait 77 477 mineurs. En croisant ces données, on aboutit à une conclusion simple et nette : pour que les listes électorales reflètent fidèlement la réalité démographique, le territoire devrait compter plus de 290 000 habitants.
Cette discordance soulève des questions pratiques — sur la sincérité des listes — et politiques, notamment dans un contexte où le corps électoral conditionne des votes à fort enjeu, comme les consultations sur l’avenir institutionnel.
Des causes administratives et historiques
Plusieurs facteurs expliquent cet écart. Le texte met en avant l’absence d’un Répertoire électoral unique, dispositif qui, en métropole, permet à l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) de limiter les doubles inscriptions.
En France métropolitaine, une inscription dans une nouvelle commune entraîne la radiation de la précédente. Rien de tel, selon les éléments fournis, en Nouvelle‑Calédonie : tous ceux qui quittent le territoire ne sont pas systématiquement radiés des listes locales. Ce fonctionnement administratif crée mécaniquement un risque de surcompte du corps électoral.
Au-delà de ce volet technique, une décision politique majeure a amplifié la distorsion. En 2018, l’État a procédé à une inscription d’office massive, à l’occasion de l’organisation du premier référendum d’autodétermination prévu par l’accord de Nouméa signé en 1998.
Cette mesure visait, d’après le contexte présenté, à rendre la liste référendaire la plus large possible. Un accord politique entre indépendantistes et non‑indépendantistes avait alors été conclu pour inclure toutes les personnes en droit de voter, y compris celles n’ayant jamais accompli de démarche d’inscription électorale.
Le résultat, d’après le texte initial, a été une distorsion importante du corps électoral réel, par rapport à la population présente et aux seuls électeurs actifs.
Conséquences et enjeux politiques
La concentration de l’attention sur la taille du corps électoral tient à son impact direct : la composition des listes détermine qui peut participer aux scrutins et donc influence l’issue des consultations. Dans le cas de la Nouvelle‑Calédonie, où la question de l’indépendance polarise les débats, cette dimension revêt un poids particulier.
Les interrogations portent aussi sur la confiance dans les procédures et sur la représentativité des scrutins futurs. Si les chiffres ne correspondent pas aux réalités démographiques locales, la légitimité des résultats peut être mise en cause par une partie des acteurs politiques ou de la société civile.
Le dossier reste techniquement et politiquement sensible : il combine des aspects de gestion administrative (tenue des fichiers, radiations) et des choix politiques (modalités d’inscription lors d’un référendum), rappelant la complexité des mécanismes électoraux dans un territoire d’outre‑mer au statut particulier.
Sans nouvelles données chiffrées ou mesures correctives explicitement détaillées dans le texte fourni, il est difficile d’évaluer l’ampleur exacte des doubles inscriptions ou des radiations manquantes. Les éléments donnés permettent toutefois de comprendre pourquoi le débat sur l’électorat est devenu central en Nouvelle‑Calédonie.
À l’approche du scrutin annoncé pour novembre ou juin 2026, la question de la sincérité des listes électorales devrait rester au cœur des discussions publiques et institutionnelles, tant pour des raisons administratives que pour des enjeux démocratiques et politiques.