Le président du parti Les Républicains (LR), Bruno Retailleau, a modifié le cap pour le second tour de la législative partielle dans le Tarn-et-Garonne en appelant à « ne laisser aucune voix à la gauche ». Pour le scrutin annoncé « dimanche 12 octobre », il a demandé de ne pas voter pour la candidate socialiste Cathie Bourdoncle, alors même que le candidat adverse, Pierre‑Henri Carbonnel, est présenté comme le représentant de l’Union des droites pour la République (UDR) et bénéficie du soutien du Rassemblement national (RN).
Un message ferme, mais ambigu
Interrogé mardi sur Europe 1 et CNews, Bruno Retailleau a résumé son positionnement en une phrase nette : « Pas une voix pour la gauche ». Toutefois, il n’est pas allé jusqu’à appeler explicitement à voter pour le ticket UDR/RN incarné par Pierre‑Henri Carbonnel. Dans le même entretien, il a indiqué que « il faudra que Bernard Pécou [le candidat LR] se détermine », laissant au responsable local la responsabilité d’acter une consigne ou non.
Cette formulation crée une double ambiguïté : d’une part, elle traduit la volonté de la direction nationale de faire barrage à la gauche ; d’autre part, elle n’énonce pas de recommandation claire en faveur d’un camp d’extrême droite allié localement à la droite identitaire. L’appel de Retailleau pose ainsi une question politique et stratégique pour LR, coincé entre la volonté d’empêcher une victoire de la gauche et la réticence à légitimer un candidat soutenu par le RN.
Tensions entre la direction et le candidat LR
La position du président du parti contraste avec la ligne adoptée par le candidat LR arrivé en troisième position au premier tour. Bernard Pécou avait obtenu 17,55 % des suffrages au premier tour et, « dès dimanche soir », avait déclaré qu’il laissait « [s]es électeurs et électrices libres de leur choix ». Cette formulation traduit une volonté d’indépendance sur le plan local qui s’oppose à l’appel national de Retailleau.
Interrogé après l’appel du président, Bernard Pécou a confirmé au journal Le Monde qu’il restait fidèle à « ce que j’ai toujours défendu – l’indépendance d’esprit, la cohérence et la liberté de choix. J’ai pleine confiance dans les électeurs pour qu’ils exercent, en conscience, leur responsabilité citoyenne ». Sa réponse souligne le désaccord de fond entre la direction nationale et la base locale sur la conduite à tenir au second tour.
Enjeux et conséquences possibles
Sur le plan électoral, l’appel de Retailleau cherche à rassembler les électeurs de droite contre la gauche. Mais l’absence d’un consigne explicite en faveur du candidat UDR/RN crée un vide stratégique : sans unité claire, le camp de la droite modérée risque de rester divisé, ce qui pourrait profiter soit au candidat de gauche, soit au candidat UDR soutenu par le RN, selon les reports de voix et la mobilisation des électeurs.
Politiquement, la prise de position publique du président de LR illustre une tension récurrente entre deux impératifs : d’un côté, empêcher l’installation d’une majorité de gauche ; de l’autre, préserver l’identité et les principes du parti face à des alliances locales qui posent question. Cette tension est mise en lumière par la différence de ton entre Retailleau et Bernard Pécou, et par le fait que Retailleau n’a pas franchi l’étape du vote explicite pour le candidat UDR/RN.
Le contexte local reste déterminant : les électeurs de Bernard Pécou, qui ont représenté 17,55 % des voix au premier tour, constituent une réserve décisive pour le second tour. Leur comportement électoral — abstention, report sur le candidat UDR/RN, report sur la candidate socialiste, ou vote blanc — sera l’élément clé pour la composition du résultat final.
À quelques jours du second tour, la communication publique des responsables nationaux et locaux continuera de peser sur l’arbitrage des électeurs. L’appel au refus de la gauche lancé par Bruno Retailleau, relayé sur Europe 1 et CNews, a donc provoqué une mise en lumière des divergences internes et place Bernard Pécou au centre d’une décision aux conséquences locales et nationales.
Dans ce contexte, la responsabilité des électeurs est soulignée par le candidat LR lui‑même, qui a explicitement fait confiance à leur jugement dans un entretien cité par Le Monde. Reste à voir si cette confiance se traduira par une mobilisation cohérente susceptible de dessiner l’issue du second tour prévu « dimanche 12 octobre ».