Les droits de douane américains annoncés au printemps sont entrés en vigueur le 7 août dernier, affectant l’Union européenne et de nombreux autres pays. Le texte initial précise des taux très variables selon les destinations : 15 % pour la plupart des produits européens, des niveaux beaucoup plus élevés pour certains pays et secteurs, et des exceptions négociées pour d’autres.
Portée et variation des droits
Selon le document, les « Vingt-Sept » se voient appliquer une taxe de 15 % sur la plupart des produits exportés vers les États-Unis. D’autres pays du Vieux Continent sont touchés plus durement, la Suisse figurant à 39 % et la Serbie à 35 % d’après les chiffres communiqués.
À l’échelle mondiale, les taux s’échelonnent de 10 % — mentionné comme plancher général — à 50 % pour certains pays comme l’Inde ou le Brésil. Le Brésil bénéficie d’un taux de base de 10 % mais, toujours d’après le texte, des mesures de rétorsion peuvent ajouter 40 % pour des affaires judiciaires ciblant l’ancien président Jair Bolsonaro, jugé proche de Donald Trump.
La Chine est citée comme faisant face à 30 % de droits américains sur ses exportations. Le document indique aussi que, si aucun accord n’était trouvé avant le 10 novembre, certains droits pourraient remonter jusqu’à 145 % dans des scénarios extrêmes évoqués par les parties prenantes.
Accords intergouvernementaux et calendrier
Plusieurs rencontres et déclarations officielles ont accompagné l’application des mesures. Le 27 juillet, à Turnberry (Écosse), la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le président américain, Donald Trump, auraient trouvé un accord sur la question commerciale. Ce deal prévoyait l’instauration de droits de douane plafonnés à 15 % sur les exportations européennes vers les États-Unis, avec toutefois « quelques zones d’ombre » selon le compte rendu.
Le 12 août, Pékin et Washington ont prolongé une « trêve commerciale ». Le 21 août, l’Union européenne et les États-Unis ont publié une déclaration conjointe confirmant l’accord conclu fin juillet et détaillant les modalités d’application. Cette déclaration confirme des droits plafonnés à 15 % pour la plupart des produits européens exportés outre‑Atlantique.
Les négociations avec l’administration américaine se poursuivent depuis les premières annonces du début avril. De nombreux pays ont obtenu des délais supplémentaires pour mettre en place les nouvelles taxes, tandis que d’autres ont négocié des baisses ciblées ou des exemptions.
Secteurs touchés et exemptions
Certains secteurs sont particulièrement ciblés : l’acier, l’aluminium et le cuivre sont mentionnés avec des droits pouvant atteindre 50 %. Le texte cite aussi que 694 produits brésiliens ont été épargnés des surtaxes américaines de 50 %, selon la Maison‑Blanche.
Plusieurs pays ont obtenu des réductions sectorielles. Le Japon, quelques jours avant l’application des mesures, a obtenu une réduction de son taux de 24 % à 15 % et s’est engagé, selon le compte rendu, à investir 550 milliards de dollars aux États‑Unis et à ouvrir son marché à des produits américains comme l’automobile et certains produits alimentaires.
L’Indonésie a abaissé son taux de 32 % à 19 %, tout en acceptant de supprimer 99 % des barrières tarifaires sur les exportations américaines couvrant l’agroalimentaire, la santé et les produits chimiques, d’après le texte. Le Royaume‑Uni avait négocié un accord sectoriel en mai, prévoyant des dispositifs par secteur et un taux par défaut de 10 %.
Mesures économiques et réactions
La déclaration conjointe mentionne également un volet d’achats et d’investissements : l’Union européenne s’engagerait, dans les trois prochaines années, à acheter 750 milliards de dollars de produits énergétiques américains et 40 milliards de dollars de semi‑conducteurs destinés au développement de l’intelligence artificielle. Les entreprises européennes devraient, pour leur part, investir 600 milliards de dollars supplémentaires dans des secteurs jugés stratégiques aux États‑Unis d’ici 2028.
Sur les exemptions et l’impact réel, le Premier ministre canadien Mark Carney est cité : il rappelle qu’un accord de libre‑échange nord‑américain en vigueur depuis 2020 exonère « 85 % » des échanges commerciaux avec les États‑Unis de droits de douane. D’après lui, si le Canada était visé par un taux de 30 %, le taux moyen effectif appliqué se situerait autour de 5,6 %.
La Maison‑Blanche a défendu ces mesures en les présentant comme une tentative de « rééquilibrage » du commerce américain. Le président américain a, selon le discours rapporté, martelé que ces mesures marquaient « le jour de la libération » pour l’économie des États‑Unis et a résumé la logique : « Ce qu’ils nous font, nous leur faisons », déclarations reprises dans les échanges avec chefs d’entreprise et membres de son gouvernement.
Enfin, la Commission européenne souligne que le taux moyen des droits appliqués par l’UE aux importations américaines resterait faible, autour de 4 %, soit légèrement supérieur au niveau pratiqué par les États‑Unis sur leurs propres importations (3,5 %), selon le compte rendu fourni.