Jeudi 11 décembre, les élus républicains de l’Indiana ont massivement rejeté un projet de redécoupage des circonscriptions électorales qui visait à supprimer deux sièges détenus par des démocrates au Congrès. Ce refus constitue une défaite pour la pression exercée publiquement depuis plusieurs semaines par le président des États-Unis, Donald Trump, en faveur d’un réajustement des cartes électorales dans plusieurs États conservateurs.
Le rejet au Sénat de l’Indiana et ses conséquences
Le projet présenté au Sénat local a été repoussé par 19 voix pour et 31 voix contre, alors que la chambre compte quarante sièges républicains et dix sièges démocrates. En conséquence, la carte électorale actuelle demeure en vigueur et les deux députés démocrates de l’Indiana conservent leurs circonscriptions telles qu’elles existent aujourd’hui.
À la suite du vote, Donald Trump a vivement critiqué le chef républicain du Sénat de l’Indiana, Rodric Bray, annonçant qu’il « soutiendra toute personne qui voudra se présenter contre lui » lors des primaires prévues au printemps prochain. Le rejet du redécoupage est perçu comme un revers pour le président, qui n’a pas réussi à influer suffisamment sur le processus malgré ses pressions publiques.
Une campagne nationale de pression et des réactions partisanes
Le président mène depuis plusieurs semaines une campagne publique auprès d’élus locaux de différents États pour les inciter à redessiner des circonscriptions en faveur des républicains. L’objectif affiché est d’accroître la majorité du parti présidentiel à la Chambre des représentants, qui n’est aujourd’hui que de cinq sièges, une marge qui pourrait être insuffisante pour conserver le contrôle lors des élections de mi-mandat de novembre 2026.
À l’été dernier, Donald Trump avait obtenu du Texas qu’il procède à un redécoupage: ce changement devrait permettre à cinq élus républicains supplémentaires de rejoindre le contingent actuel après les prochaines élections. Dans l’Indiana, en revanche, plusieurs élus républicains locaux s’étaient montrés réticents à engager ce type de redécoupage à caractère partisan, ce qui a suscité l’ire du président.
Face à la pression de la Maison Blanche, les démocrates ont eux aussi amorcé des ripostes dans les États où ils disposent d’un pouvoir local. En Californie, un redécoupage approuvé par référendum pourrait, selon ses partisans, supprimer jusqu’à cinq sièges aujourd’hui occupés par des républicains. Après avoir repris le contrôle du parlement local en novembre, les démocrates de Virginie envisagent également de redessiner leur carte électorale.
Cadre légal et pratiques du redécoupage
Aux États-Unis, les circonscriptions électorales doivent en principe être délimitées après chaque recensement national, réalisé tous les dix ans, afin que la cartographie reflète l’évolution démographique. Ce principe vise à garantir une représentation proportionnelle des populations dans les chambres législatives.
Dans les faits, les redécoupages sont souvent instrumentalisés par les partis au pouvoir. Les deux formations, républicaine et démocrate, ont recours à des découpages partisans — qualifiés de gerrymandering — qui peuvent produire des cartes tortueuses. Ces découpages permettent d’isoler certains groupes d’électeurs et d’en surreprésenter d’autres, ajustant ainsi la compétitivité électorale selon des critères politiques.
Le vote de l’Indiana illustre la tension entre pressions nationales et réalités locales. Il met en lumière la complexité du processus: la formalité du redécoupage, liée au recensement décennal, se confronte à des calculs stratégiques visant à maximiser des gains partisans à court terme.
Pour l’instant, la carte en vigueur dans l’Indiana reste inchangée, et les discussions sur le redécoupage demeurent au cœur des débats politiques, tant au niveau des États qu’à l’échelle fédérale.





