Six mois après l’affront dont il affirme avoir été victime dans le bureau ovale, Volodymyr Zelensky est de retour à Washington pour s’entretenir avec Donald Trump. L’enjeu affiché est d’asseoir les bases d’une paix durable en Ukraine, alors que le conflit déclenché le 24 février 2022 s’enlise.
Un rendez‑vous au poids symbolique élevé
La visite intervient dans un contexte international chargé. Le 15 août, une rencontre bilatérale entre le président américain et son homologue russe, Vladimir Poutine, s’est tenue en Alaska, sans annonce commune à l’issue des entretiens. Le temps joue contre les acteurs ukrainiens : plus les jours passent, plus la guerre s’enracine et complique toute perspective de règlement rapide.
Donald Trump avait pourtant promis, à son retour à la Maison‑Blanche le 20 janvier dernier, de « régler » le conflit en « vingt‑quatre heures ». Ce discours, et l’attitude du milliardaire qui se présente volontiers en médiateur, créent une fenêtre d’opportunité que certains veulent saisir, tandis que d’autres redoutent des solutions imposées à Kyiv.
Une mobilisation européenne et une « coalition des volontaires »
Parallèlement, une « coalition des volontaires » — un regroupement d’une trentaine de pays alliés de l’Ukraine, majoritairement européens —, créée en mars et impulsée par la France et le Royaume‑Uni, s’est réunie par visioconférence pour coordonner sa position. Plusieurs de ses membres se sont déplacés aux États‑Unis pour peser sur les négociations en cours.
L’initiative a été lancée par le président finlandais Alexander Stubb et Mark Rutte. Ils ont rapidement été rejoints par Ursula von der Leyen, Friedrich Merz, Emmanuel Macron, Keir Starmer et Giorgia Meloni, parmi d’autres dirigeants. Selon le texte officiel, la liste des invités a été volontairement limitée.
Positions tranchées et éléments évoqués
Les déclarations publiques laissent apparaître des lignes rouges claires. Emmanuel Macron, s’exprimant depuis Brégançon, a réagi vivement à l’attitude attribuée à Vladimir Poutine : « Est‑ce que je pense que le président Poutine veut la paix ? … non. Il veut la capitulation de l’Ukraine », a‑t‑il déclaré, selon le compte rendu.
À Anchorage, vendredi, Vladimir Poutine a rejeté catégoriquement l’idée d’un cessez‑le‑feu immédiat, selon les informations rendues publiques. Le chef du Kremlin aurait, au cours des discussions, proposé à Donald Trump que l’Ukraine lui cède l’entière région du Donbass (les administrations de Louhansk et Donetsk, déjà en grande partie occupées par l’armée russe) en échange d’un « gel » du front dans les régions de Zaporizhzhia et Kherson. Cette option a été qualifiée d’inconcevable par les autorités ukrainiennes, qui refusent tout changement territorial pour l’instant.
De son côté, Volodymyr Zelensky a insisté, à son arrivée à Washington, sur la nécessité d’une « paix juste qui respecte les intérêts vitaux de sécurité de l’Ukraine et de l’Europe ». Il a rappelé que les garanties de sécurité demandées par Kyiv resteraient au cœur des discussions en cas de trêve éventuelle.
Options militaires et divisions alliées
Parmi les options évoquées figuraient l’envoi de troupes européennes sur le sol ukrainien, présenté comme une « force de réassurance » de quelques milliers de soldats. Cette idée divise les alliés, au regard des risques qu’elle comporte : même si ces soldats seraient éloignés des lignes de contact, leur déploiement soulèverait des questions de mandat, de mission et de logistique.
Donald Trump, qui exclut l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN — Moscou considérant l’Alliance comme une menace existentielle à ses frontières — a remis la pression sur le camp ukrainien. Sur son réseau X (anciennement Twitter), le milliardaire a évoqué ces derniers jours une solution inspirée de l’article 5 de l’OTAN, principe rappelant la solidarité entre alliés en cas d’attaque armée.
Vers des heures décisives
Après plus de trois ans de conflit, les prochains jours paraissent cruciaux. Les garanties de sécurité demandées par l’Ukraine et les offres concrètes des puissances occidentales seront au centre des débats. La possibilité pour Zelensky de faire accepter par Kyiv un arrêt des hostilités, au prix d’engagements fiables et durables, demeure au cœur de l’enjeu.
Le sort de l’Ukraine pourrait, selon le texte initial, se jouer dans les heures qui viennent, alors que se multiplient consultations, propositions et prises de position. Les discussions à Washington entre Volodymyr Zelensky et Donald Trump s’inscrivent dans ce calendrier serré, entre volonté de négocier et exigences de sécurité qui restent, pour l’instant, très divergentes.