Dans la nuit du jeudi 7 au vendredi 8 août, le cabinet de sécurité israélien a approuvé un plan présenté par le Premier ministre Benjamin Netanyahou visant à « vaincre » le Hamas dans la bande de Gaza, selon un communiqué des bureaux du Premier ministre.
Interrogé sur Fox News, Benjamin Netanyahou a déclaré vouloir « prendre le contrôle » de la bande de Gaza, en précisant qu’Israël ne souhaitait ni « gouverner », ni « garder » le territoire. Le texte officiel du cabinet précise que l’armée israélienne « se prépare à prendre le contrôle de la ville de Gaza tout en distribuant une aide humanitaire à la population civile en dehors des zones de combat ».
Les principes du plan
Le cabinet de sécurité, par un vote à la majorité, a adopté cinq principes destinés, selon le communiqué, à « conclure la guerre » : le désarmement du Hamas ; le retour de tous les otages, vivants et morts ; la démilitarisation de la bande de Gaza ; le contrôle sécuritaire israélien dans la bande de Gaza ; et l’établissement d’une administration civile alternative qui ne soit ni le Hamas ni l’Autorité palestinienne.
Les documents officiels et les déclarations ultérieures insistent sur la volonté d’Israël de mettre en place un dispositif sécuritaire et des mesures d’assistance destinées à séparer les civils des zones de combat. Les services du Premier ministre ont répété la formule selon laquelle Tsahal « se prépare à prendre le contrôle de la ville de Gaza tout en fournissant de l’aide humanitaire à la population civile hors des zones de combat ».
Dimensions militaires et logistiques
Plusieurs médias et responsables cités par la presse estiment que le plan implique une évacuation massive de civils avant toute offensive terrestre. Le journaliste d’Axios Barak Ravid, citant un responsable israélien sur X, a indiqué que le plan entraînerait l’évacuation de civils et le lancement d’une offensive militaire terrestre.
Selon un article publié par Le Monde vendredi, une guerre d’occupation pourrait durer « plusieurs mois » et mobiliser « de quatre à six divisions » de l’armée israélienne pour occuper progressivement le quart du territoire encore hors de son contrôle.
Sur le plan humanitaire, le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) estime que 86,3% du territoire est militarisé par Israël et soumis à des ordres d’évacuation. Les zones non occupées sont, paradoxalement, parmi les plus peuplées : les villes de Khan Younès et Gaza, ainsi que les camps de réfugiés de Deir-el-Balah, dans le centre du territoire.
Le texte rappelle qu’Israël avait occupé Gaza en 1967, qu’il y avait implanté 21 colonies qui ont été démantelées en 2005 lors du retrait unilatéral décidé par le Premier ministre de l’époque, Ariel Sharon.
Si l’armée amorce l’évacuation de la ville de Gaza, de nombreuses questions humanitaires se posent : où les habitants pourront-ils se rendre ? Qui les accueillera et comment seront-ils nourris et hébergés ? Aujourd’hui, les deux millions d’habitants du territoire dépendent presque entièrement de l’aide humanitaire, dans un contexte où l’économie est paralysée et où à peine 1,5% des terres agricoles restent intactes et accessibles.
Le Hamas a assuré détenir encore « 49 otages » sur les « 251 personnes enlevées le 7 octobre », selon un décompte de l’AFP, et a accusé Netanyahou de vouloir se débarrasser d’otages au nom d’intérêts personnels et d’un agenda idéologique extrémiste — affirmation contenant un fort ton accusatoire reprise par le mouvement.
Réactions nationales et internationales
La décision a suscité des critiques et des réactions internationales rapides. Le chef de l’opposition israélienne, Yair Lapid, a qualifié la décision de « catastrophe » sur X, estimant qu’elle allait causer « la mort des otages, celle de nombreux soldats » et un coût financier lourd pour les contribuables israéliens, ainsi qu’un risque de « faillite diplomatique ».
Au Royaume-Uni, le Premier ministre Keir Starmer a exhorté Israël à « reconsidérer immédiatement » son plan pour Gaza. En Allemagne, le chancelier Friedrich Merz a annoncé la suspension d’exportations d’armes susceptibles, selon lui, d’être utilisées à Gaza.
À Bruxelles, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a demandé à Israël de « reconsidérer » son plan, tout en rappelant l’impératif de libérer tous les otages et d’assurer un accès immédiat et sans entrave de l’aide humanitaire à Gaza. Dans le texte reproduit, la vice-présidente de la Commission européenne, Teresa Ribera, est citée pour avoir estimé que les images et les informations sur la famine, les déplacements et les morts à Gaza « ressemblent beaucoup à un génocide » et que, « si ce n’est pas un génocide, cela y ressemble beaucoup » ; elle a ajouté que la population apparaît « prise pour cible, tuée et condamnée à mourir de faim » — des propos qui reflètent la gravité des accusations relayées.
Parallèlement, plusieurs capitales européennes envisagent la suspension de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël, en vigueur depuis 2000, qui organise notamment le libre-échange dans des secteurs industriels et agricoles. À ce stade, aucune décision formelle n’a été prise.