Emmanuel Macron a entamé, dimanche 21 décembre, une visite aux Emirats arabes unis destinée à célébrer Noël auprès des forces françaises stationnées sur place et à affirmer le partenariat entre Paris et Abou Dhabi. Le déplacement vise aussi à obtenir un renforcement de la coopération émiratie dans la lutte contre le narcotrafic.
Programme officiel et rencontres
Arrivé en fin de matinée (heure locale) à Abou Dhabi, le chef de l’Etat était accompagné notamment de la ministre des armées, Catherine Vautrin. Selon la présidence française, il devait visiter le musée national Zayed avant un entretien avec le président émirati, Mohammed Ben Zayed Al Nahyane.
La présidence indique que cet entretien portera sur « le renforcement du partenariat stratégique » entre les deux pays et soulignera leur coopération « en matière de sécurité et de défense ». Le président français doit ensuite s’adresser aux soldats français déployés dans l’émirat.
Conformément à la tradition, Emmanuel Macron célèbre les fêtes de fin d’année auprès des troupes à l’étranger. Les Emirats ont été choisis cette année parce que, selon l’Elysée, « la région cristallise un ensemble de crises ».
Présence militaire française et soutien opérationnel
La France dispose d’une présence militaire notable aux Emirats : plus de 900 soldats y sont déployés, répartis sur trois bases. C’est devant ces militaires qu’Emmanuel Macron doit prendre la parole dimanche après-midi, avant de partager un dîner de Noël préparé par les chefs cuisiniers de l’Elysée.
La présence française dans la région répond, selon la présidence, à la volonté de conserver une capacité « d’action autonome dans un contexte international tendu ». Les troupes participent à plusieurs missions, ce qui élargit leur champ d’intervention au-delà de la simple protection des bases.
Lutte contre le narcotrafic : demandes de coopération
Paris cherche désormais à obtenir l’appui des Emirats dans la « guerre » déclarée par le gouvernement français au narcotrafic. D’importants trafiquants originaires de France se seraient installés dans le Golfe, notamment à Dubaï, et y auraient constitué des patrimoines immobiliers conséquents, rapporte le texte transmis par l’Elysée.
Le sujet a pris une place importante dans le débat public en France depuis l’assassinat, en novembre, de Mehdi Kessaci, frère d’un militant engagé contre le narcotrafic, tué en plein jour à Marseille. À Marseille, Emmanuel Macron a déclaré vouloir rechercher la coopération des pays où se trouvent certaines « têtes de réseau », afin de « pouvoir saisir leurs biens » et d’obtenir leur arrestation.
En novembre, le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a réclamé aux Emirats arabes unis l’extradition d’une quinzaine de narcotrafiquants présumés recherchés par la France, selon les informations rapportées par l’exécutif.
Actions en mer et saisies de stupéfiants
Plusieurs des soldats basés aux Emirats sont directement impliqués dans la lutte contre les trafics. À bord de la frégate La Provence, des marins cherchent à repérer et intercepter des embarcations transportant de la drogue le long des routes maritimes de l’océan Indien.
Ces routes passent souvent par le golfe d’Aden, en direction de la Somalie ou du Yémen, ou longent l’Afrique de l’Ouest. Dans la zone, la marine française a saisi, en 2025, « plus d’une vingtaine de tonnes de drogue », estime le commandant de frégate Pascal Forissier. La valeur marchande de ces cargaisons peut atteindre plusieurs centaines de millions d’euros.
Le commandant Forissier reconnaît toutefois que ces saisies constituent « qu’une petite partie » de l’ensemble des stupéfiants en circulation, soulignant l’ampleur et la complexité du phénomène.
Engagements régionaux et missions complémentaires
Outre la lutte contre le narcotrafic, les forces françaises participent à l’opération « Aspides », visant à protéger la navigation marchande contre les frappes houthistes en mer Rouge. Elles contribuent également à l’opération « Chammal » au sein de la coalition contre le groupe Etat islamique (EI).
Pour la présidence française, la présence militaire aux Emirats illustre la volonté de Paris de maintenir des moyens d’action dans une zone stratégique et instable. La visite devait se conclure par une démonstration des capacités militaires françaises dans la région, organisée lundi, à laquelle Emmanuel Macron devrait assister.
Ce déplacement mêle dimension symbolique — célébrer Noël avec les troupes — et objectifs diplomatiques concrets, notamment la recherche d’une coopération renforcée sur les questions de sécurité, de défense et de lutte contre les réseaux criminels internationaux.





