Le président de la République entame une visite diplomatique au Gabon, dimanche 23 novembre, visant à « renforcer et renouveler » le partenariat bilatéral, deux ans après le putsch qui a mis fin à cinquante-cinq ans de la dynastie des Bongo.
Arrivant à Libreville à 17 h 30, Emmanuel Macron poursuit une tournée africaine qui l’a mené à l’île Maurice et en Afrique du Sud, avant de se rendre en Angola lundi.
Objectifs de la visite et rencontres officielles
Le chef de l’État doit s’entretenir dans la foulée de son arrivée avec le président gabonais Brice Oligui Nguema, protagoniste du coup d’État et élu en avril, après dix-neuf mois de transition politique.
Selon l’Élysée, Emmanuel Macron entend « saluer le parachèvement de la transition » et « soutenir » les nouvelles autorités. La présidence gabonaise souligne, de son côté, que la visite s’inscrit dans une « dynamique politique profondément renouvelée » et qu’un « dialogue désormais fondé sur des échanges d’égal à égal » s’est instauré entre les deux pays.
Le général Oligui a été porté au pouvoir lors du putsch puis élu à l’issue d’un scrutin pour lequel les observateurs internationaux n’ont pas signalé d’irrégularités majeures, selon les éléments rendus publics.
Défense : une présence française réorientée
Après la prise de pouvoir, le général Oligui a renouvelé pour deux ans le partenariat de défense avec la France. Cet accord doit de nouveau être soumis à approbation en janvier.
La présence militaire française au Gabon a été réduite et recentrée : près d’une centaine de soldats sont aujourd’hui basés dans le pays, contre environ 1 200 au début des années 2000. Le dispositif français se concentre désormais sur la formation des forces gabonaises.
Parmi les projets annoncés figure l’installation, au camp de Gaulle — où sont stationnés les soldats français — d’une académie dédiée à la protection de l’environnement et des ressources naturelles. Elle doit former des cadres spécialisés dans la lutte contre le braconnage et l’orpaillage illégal.
Ce repositionnement intervient dans un contexte régional marqué, entre 2021 et 2023, par des ruptures de certains États du Sahel avec la France, ancienne puissance coloniale. Le Gabon a, lui, choisi de maintenir ses liens bilatéraux.
Économie : une richesse apparente mais une diversification limitée
Le Gabon compte environ 2,3 millions d’habitants et demeure un pays d’importance pour les entreprises françaises, présentes dans les hydrocarbures, le manganèse et le secteur du bois.
Classé parmi les premiers producteurs d’or noir d’Afrique subsaharienne, le pays affichait un PIB par habitant de 8 820 dollars en 2022. Toutefois, l’économie reste insuffisamment diversifiée : elle dépend fortement des hydrocarbures.
Selon la Banque mondiale, près d’un habitant sur trois vivait sous le seuil de pauvreté à la fin de 2024, un indicateur soulignant les limites de la richesse moyenne du pays.
Dans ce contexte, l’Agence française de développement (AFD) participe à la réhabilitation du Transgabonais, unique voie ferrée nationale. Le plan de rénovation lancé en 2024 prévoit de remplacer 270 des 648 kilomètres de traverses et de rails d’ici à 2027, un chantier compliqué par la nature instable des sols, la densité de la forêt tropicale et une pluviométrie importante.
Un héritage politique et une nouvelle approche diplomatique
Le Gabon a été dirigé plus de quarante et un ans par Omar Bongo Ondimba (1967-2009), puis par son fils Ali Bongo à partir de 2009. La famille Bongo a longtemps incarné les réseaux et pratiques qualifiés de « Françafrique », basés sur des liens politiques et commerciaux étroits entre Paris et ses anciennes colonies.
Lors de sa visite à Libreville en mars 2023, Emmanuel Macron avait déclaré que l’ère de la « Françafrique » était « révolue » et affirmé que la France se voulait désormais un « interlocuteur neutre » sur le continent. Depuis son arrivée à l’Élysée en 2017, il prône une approche davantage tournée vers les pays anglophones, la jeunesse, le travail mémoriel et des partenariats économiques « gagnant‑gagnant ».
La visite d’Emmanuel Macron au Gabon intervient après le déplacement du président Oligui à Paris en mai et s’inscrit, d’après les parties prenantes, dans une volonté réciproque de renouveler les relations bilatérales sur de nouvelles bases.
La suite de la tournée africaine du président devrait permettre d’affiner les coopérations bilatérales, tant sur le plan sécuritaire qu’économique, sans que de nouveaux engagements majeurs n’aient été rendus publics au moment des annonces officielles.





