Pourquoi le Donbass (Donetsk, Louhansk) reste au cœur du conflit Ukraine–Russie : ressources, poids industriel, enjeux géopolitiques et coût humain et militaire

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Le Donbass — bassin industriel frontalier (Donetsk, Louhansk) — demeure au cœur du conflit Ukraine–Russie en raison de sa valeur stratégique, de ses ressources (charbon, minerais, gaz) et de son poids économique. Toute cession, liée aux enjeux Crimée/OTAN, se heurte à des obstacles constitutionnels et à un coût humain et militaire élevé.

Un territoire hautement stratégique au cœur du conflit

Depuis le 24 février 2022, date du déclenchement de l’invasion russe, le Donbass concentre une attention constante dans le conflit opposant la Russie et l’Ukraine. Région frontalière et industrialisée à l’est de l’Ukraine, le Donbass est présenté comme un objectif central des opérations russes.

Rien n’a été officiellement annoncé depuis le sommet entre Donald Trump et Vladimir Poutine, tenu en Alaska le 15 août dernier, mais, selon plusieurs sources, le président russe aurait soumis une liste de doléances visant une résolution du conflit. Ce plan, discuté lors d’une réunion à la Maison-Blanche le 18 août en présence de responsables européens, exigerait notamment que Kiev renonce à toute adhésion à l’OTAN et que la Crimée soit reconnue comme russe. Il prévoirait aussi des échanges territoriaux, en particulier des transferts d’oblasts entre zones aujourd’hui occupées et d’autres régions. Ces éléments ont été rapportés par différentes sources; ils n’ont pas été formellement validés au moment de la rédaction.

Géographie, démographie et héritage historique

Géographiquement, le Donbass — contraction de “Don” (le fleuve) et de “bassin” (minier) — couvre une superficie d’environ 55 000 km² et borde la Russie. Ce vaste bassin industriel a été historiquement modelé par l’exploitation du charbon et des mines, ainsi que par une forte implantation industrielle au temps de l’Union soviétique.

La région reste majoritairement russophone. Des vagues d’immigration ouvrière russe s’y sont succédé, et le lien à l’histoire russe y demeure visible, ce qui explique en partie les revendications identitaires et les tensions politiques qui y perdurent.

Ressources naturelles et poids économique

Le Donbass concentre une part significative des richesses ukrainiennes. Il est riche en charbon et en minerais (calcaire, dolomie, quartzites, craie, ardoises…) et possède des gisements stratégiques mentionnés dans divers rapports, citant notamment le lithium, le gaz de schiste et le gaz naturel.

Avant la crise, les oblasts de Donetsk et de Louhansk représentaient près d’un quart de la production industrielle ukrainienne, soit environ 14 % du PIB national en 2013. Ils assuraient aussi un quart des exportations du pays et plus d’un dixième des recettes fiscales. Parmi les entreprises emblématiques figurent les aciéries Azovstal et Illich à Marioupol, Donetskstal (mécanique) à Donetsk, Azot (chimie) à Severodonetsk, ou encore LuganskTEplovoz (locomotives) à Louhansk; beaucoup de ces sites ont été touchés, endommagés ou détruits depuis le début des hostilités.

La mine de charbon Komsomolets, dans le Donbass, restait l’une des plus productives d’Ukraine, avec 1,37 million de tonnes produites par an avant la guerre. La région dispose par ailleurs d’environ 2,8 millions d’hectares de terres arables, ce qui en fait un enjeu agricole non négligeable.

Dimensions politiques, juridiques et humaines

Politiquement, le Donbass est au centre d’un débat foncier et constitutionnel. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a réitéré qu’il n’était pas question d’abandonner le Donbass; il a écrit sur X le 9 août dernier : « Les Ukrainiens ne céderont pas leurs terres à l’occupant. »

La réponse ukrainienne à toute proposition de cession territoriale se heurte à des obstacles juridiques. Ratifiée en 1996, la loi fondamentale ukrainienne affirme, par exemple, que « la souveraineté de l’Ukraine s’étend sur tout son territoire ». De plus, toute cession de territoire impliquerait de modifier la Constitution — une prérogative revenant « exclusivement au peuple », selon les règles constitutionnelles en vigueur. Cette exigence constitutionnelle rend juridiquement délicate une éventuelle renonciation territoriale sans un processus interne long et contraignant.

Sur le plan humain, les autorités estiment qu’environ 200 000 personnes vivent encore dans les zones restées sous le contrôle des forces pro-russes. L’abandon du Donbass entraînerait un coût humain élevé pour les populations locales et poserait des risques militaires importants pour l’Ukraine. Selon l’Institut américain pour l’étude de la guerre (ISW), l’armée ukrainienne deviendrait particulièrement vulnérable en cas de retrait non sécurisé; un recul ne serait concevable qu’à la condition d’un cessez-le-feu solide et du déploiement d’une force d’interposition capable d’assurer la paix.

Enfin, la connexion territoriale vers la Crimée annexée en 2014 confère au Donbass une valeur stratégique supplémentaire pour Moscou. L’intégration effective de la région au dispositif russe est envisagée, dans les analyses, comme un moyen de repousser et d’affaiblir les capacités militaires ukrainiennes, ainsi que d’empêcher l’adhésion du pays à l’OTAN.

Le Donbass reste donc, sur les plans stratégique, économique et symbolique, l’un des principaux foyers de la guerre en Ukraine, où se mêlent enjeux territoriaux, ressources et considérations constitutionnelles, sans solution simple à court terme.

Parlons Politique

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