Rivalité France–Russie dans l’océan Indien : comment la Russie étend son influence à Madagascar, Mayotte et La Réunion via énergie, mines et coopérations militaires

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La Russie étend discrètement son influence dans l’océan Indien sud, mettant en jeu les intérêts français à La Réunion et Mayotte : Madagascar illustre cette stratégie opportuniste via offres énergétiques, accords miniers et coopérations militaires parfois liées à Wagner.

Le sud de l’océan Indien s’est progressivement imposé comme un théâtre d’affrontement discret entre la Russie et les puissances occidentales, la France étant particulièrement concernée en raison de ses deux territoires ultramarins, La Réunion et Mayotte. Si Moscou n’y dispose pas du même ancrage que dans le Sahel — où son influence s’exerce par des appuis sécuritaires et des participations dans le secteur minier — sa diplomatie multiplie les tentatives pour exploiter les opportunités locales et tirer parti de situations de fragilité politique et économique.

Tensions géopolitiques et zones d’influence

La présence française dans l’archipel masque une réalité géopolitique plus large : l’océan Indien sud devient un espace où se croisent intérêts stratégiques et économiques. Les autorités russes ne possèdent pas encore un réseau d’alliances comparable à celui observé en Afrique de l’Ouest, mais elles cherchent à consolider leur position en misant sur des coopérations ponctuelles, des offres commerciales et des relations politiques avec des gouvernements ou forces locales en difficulté.

Cette approche repose sur l’identification de « brèches » — crises énergétiques, mouvements sociaux, affaiblissement institutionnel — que la Russie tente d’exploiter par des propositions bilatérales, des accords économiques et des soutiens diplomatiques. L’objectif n’apparaît pas systématiquement comme une prise de contrôle, mais plutôt comme un jeu d’influence ciblé susceptible d’ouvrir des portes pour des intérêts économiques et militaires.

Le cas de Madagascar : une fenêtre d’opportunité

À Madagascar, la perméabilité des nouvelles autorités aux offres russes constitue un test révélateur. Mi-octobre, après plusieurs semaines de manifestations menées par la génération Z contre des coupures répétées d’eau et d’électricité, des militaires ont renversé le président Andry Rajoelina et pris le pouvoir, selon le texte initial. Dans ce contexte de crise énergétique, la question d’importer des hydrocarbures russes a été évoquée comme solution pour atténuer les pénuries.

Un diplomate occidental cité dans le texte original admet : « Les visées russes ne sont pas neuves et ils ne sont pas les seuls à convoiter le pays, mais un cran a été passé avec ce rapprochement ». Cette formule souligne la combinaison d’offres économiques et d’un positionnement diplomatique opportuniste visant à gagner de l’influence au moment où l’autorité étatique vacille.

Tentatives d’influence et antécédents

La Russie avait déjà cherché à peser sur la scène politique malgache en 2018, selon les éléments fournis : ce rôle comprenait le financement de campagnes électorales et l’utilisation de conseillers liés au groupe paramilitaire Wagner auprès de plusieurs candidats. La même année, sous la présidence de Hery Rajaonarimampianina (2014-2018), un accord minier avait été signé entre Kraoma, société publique malgache d’exploitation du chrome, et la société russe Ferrum Mining, qui aurait été détenue indirectement par Evgueni Prigojine, le dirigeant du groupe Wagner, décédé en 2023.

Le projet minier n’a finalement pas abouti : les Russes se sont retirés fin 2019, selon le récit initial. Ces épisodes montrent que la Russie combine des stratégies d’influence politique et des démarches économiques, mais qu’elle peut aussi rencontrer des échecs lorsque les conditions locales ou les partenariats ne se révèlent pas durablement favorables.

Coopération militaire et mémoire historique

La relance d’une coopération militaire entre Madagascar et la Russie remonte, d’après le texte d’origine, à 2018, mais s’inscrit dans une histoire plus longue. Durant la guerre froide, sous la présidence socialiste de Didier Ratsiraka (1975-1993), des liens militaires et politiques avaient été tissés avec l’Union soviétique. Ces relations ont connu une réactivation récente, confirmée en 2022, au lendemain de l’invasion russe de l’Ukraine, d’après les informations fournies.

Ce retour vers des coopérations militaires ne signifie pas automatiquement une implantation durable comparable à celle observée en d’autres régions, mais il révèle la volonté russe de renouer avec des partenaires historiques et d’exploiter des contextes contemporains pour renforcer son rôle régional.

Sur le plan stratégique, la situation dans l’océan Indien sud illustre un mode d’action calqué sur l’utilisation d’outils diplomatiques, économiques et paramilitaires pour gagner en influence. Moscou n’y a pas (selon le texte source) la même emprise que dans le Sahel, mais elle cherche, pas à pas, à tirer parti des fragilités locales.

La trajectoire future dépendra autant des réponses politiques et économiques locales que de la capacité des puissances régionales et internationales à stabiliser les États concernés et à proposer des alternatives crédibles aux offres extérieures.

Parlons Politique

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