Des milliers de personnes ont défilé dimanche 30 novembre à Zagreb pour protester contre le révisionnisme historique et la montée des idées d’extrême droite en Croatie. Le cortège visait en particulier la banalisation du rôle du pays pendant la Seconde Guerre mondiale et appelait à la vigilance face aux discours nationalistes.
Manifestations et revendications
La manifestation principale, qui a rassemblé plusieurs milliers de personnes dans la capitale, a été accompagnée de trois rassemblements similaires tenus le même jour dans des villes de la côte adriatique. Les organisateurs ont dénoncé une normalisation des positions d’extrême droite et ont appelé à résister « à la violence, au révisionnisme historique et à l’intimidation ». Dans leur communiqué, ils ont déclaré : « Les fascistes n’ont plus honte et ne se cachent plus ».
Plusieurs participants ont rapporté un sentiment d’urgence face à des incidents récents visant la minorité serbe du pays. Un manifestant, étudiant en ingénierie électrique, a résumé ce climat à l’Agence France-Presse (AFP) en affirmant : « Nous avons un problème de renaissance large de l’idéologie oustachi ». Cette déclaration reflète les préoccupations d’une partie de la société civile sur la résurgence d’idéologies extrémistes que beaucoup pensaient reléguées au passé.
Contexte historique rappelé par les manifestants
Les manifestations s’inscrivent dans une mémoire historique particulièrement sensible en Croatie. Le texte rappelle que, en 1941, un État fantoche croate dirigé par le régime oustachi a été installé par l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste. Ce régime, dont l’objectif était de renverser la monarchie et de contrer ce qu’il percevait comme une prédominance serbe au sein du royaume de Yougoslavie, a orchestré des persécutions meurtrières.
Les oustachis — littéralement « insurgés » en croate — ont persécuté et tué des centaines de milliers de personnes, parmi lesquelles des Serbes, des Juifs, des Croates antifascistes et des Roms. Ces violences incluaient l’internement et l’exécution dans des camps de concentration pendant la Seconde Guerre mondiale. Pour les manifestants, ces références historiques servent d’avertissement face à toute tentative de minimiser ou de réhabiliter ces idéologies.
Tensions post‑indépendance et situation actuelle
La Croatie a également connu, après la proclamation d’indépendance vis‑à‑vis de l’ancienne Yougoslavie, un conflit armé entre 1991 et 1995. La proclamation d’indépendance a déclenché une guerre avec des Serbes locaux, soutenus par Belgrade, qui s’y opposaient. Ce conflit, devenu une guerre intercommunautaire et régionale, a fait environ 20 000 morts, selon le bilan évoqué dans le texte.
Les organisateurs des marches et des manifestants insistent sur le lien entre ces épisodes historiques et les tensions contemporaines : ils estiment que la résurgence d’une rhétorique nationaliste accroît les risques d’exclusion et d’agressions ciblées contre des groupes vulnérables, en particulier la minorité serbe.
Face à cette situation, les manifestants demandent une vigilance institutionnelle et sociale accrue, une mémoire historique partagée et une condamnation claire des nostalgiques des régimes fascistes. Ils soulignent également la nécessité d’un débat public informé afin d’éviter toute banalisation des crimes passés.
Les autorités locales et nationales n’ont pas été détaillées dans le texte quant à leur réponse aux rassemblements ou aux préoccupations exprimées. De même, le compte rendu ne précise pas d’incidents majeurs lors des manifestations du jour, ni de réactions officielles précises au moment du reportage.
En l’absence d’éléments supplémentaires fournis dans le texte original, le mouvement de protestation apparaît comme une alerte citoyenne sur le terrain de la mémoire et des droits des minorités. Les manifestations de dimanche constituent un signal de mobilisation de la société civile contre toute forme de réhabilitation d’idéologies liées au fascisme et au nationalisme extrême.





