Elle faisait partie des centaines de personnes rassemblées samedi 29 novembre à Béziers (Hérault). Le rassemblement, organisé à l’appel du collectif Vive la laïcité, visait à protester contre l’installation — pour la onzième année consécutive — d’une crèche de la Nativité dans le hall de la mairie. Cette pratique perdure malgré, selon les manifestants, plusieurs décisions de justice : la plus récente étant celle du Conseil d’État en date du 18 février 2025 qui a jugé illégale la présence d’un tel dispositif religieux dans un lieu public.
Un rassemblement et des visages
Parmi les participants, Sophie Mazas, avocate à Montpellier et présidente de la Ligue des droits de l’homme (LDH) dans l’Hérault. Agée de 49 ans, elle était vêtue d’un jean et d’un blouson noir et tenait une pancarte sur laquelle on pouvait lire « Délinquant de la justice administrative », directement adressée au maire de la ville.
La manifestation a réuni des habitants et des membres d’associations qui estiment que l’installation répétée de la crèche contrevient au principe de neutralité des lieux publics. Le collectif à l’origine du rassemblement dénonce la persistance d’un aménagement religieux au sein d’un bâtiment municipal, malgré l’intervention des juridictions administratives.
Le contexte judiciaire
Les manifestants s’appuient sur une série de décisions de justice pointées comme contraignantes par les associations et certains juristes. La décision la plus récente citée lors du rassemblement est celle du Conseil d’État, rendue le 18 février 2025, qui a estimé que l’installation d’une crèche dans un lieu public était illégale. Cette décision est au cœur du différend entre la municipalité et les organisations défenseures de la laïcité.
Interrogés, les représentants du mouvement ont rappelé que, pour eux, le respect de la décision de justice conditionne le maintien de la neutralité de l’espace public. Ils estiment qu’une mairie, en tant qu’institution républicaine, doit s’abstenir d’exposer des symboles à caractère religieux qui pourraient être perçus comme une prise de position.
La municipalité, quant à elle, soutient une lecture différente de la situation, arguant de la dimension culturelle et festive de l’installation. Selon la couverture de la presse locale, le maire Robert Ménard a minimisé l’opposition à son initiative. Il aurait déclaré ne pas comprendre « leur obsession » et présenté son aménagement de Noël comme « un moment familial, un moment de fête ».
Robert Ménard, identifié comme maire divers droite de Béziers, a été élu pour la première fois en 2014 avec le soutien du Front national. Le texte rapporté précise également qu’il a été, jusqu’à une date récente, proche de personnalités politiques telles que Marine Le Pen et Eric Zemmour. Ces éléments sont évoqués pour situer le profil politique du maire et le contexte local des tensions.
Les participants à la manifestation ont exprimé leur détermination à faire respecter, selon eux, les principes de neutralité et de séparation entre les institutions publiques et les manifestations religieuses. À l’inverse, une partie de la population locale perçoit l’installation comme une tradition de saison, à caractère familial et culturel.
Le débat entre tradition locale et exigences de la laïcité, illustré par ce cas, reflète des tensions plus larges observées dans d’autres communes. À Béziers, ces tensions prennent une forme particulière en raison de la persistance de l’installation malgré les décisions juridictionnelles et de la personnalité politique du maire.
Sur le lieu du rassemblement, les slogans et pancartes ont témoigné d’un vocabulaire à la fois juridique et civique. Les manifestants ont cherché à marquer leur désaccord sans débordement, selon les descriptions rapportées. Les autorités locales et organisateurs n’ont pas fait l’objet de violences signalées dans le compte rendu du rassemblement.
En l’état, le conflit autour de la crèche reste une illustration des frictions entre pratiques locales et interventions de la justice administrative. Les positions restent tranchées : d’un côté, des associations et citoyens demandant l’application stricte des décisions de justice et la préservation de la neutralité des lieux publics ; de l’autre, des élus et habitants défendant une lecture culturelle et festive de l’installation.





