Le procureur de Draguignan a annoncé, vendredi 19 décembre 2025, que David Rachline, maire de Fréjus, sera jugé pour favoritisme le 22 septembre 2026. L’information intervient après une succession d’éléments judiciaires et médiatiques qui ont précipité l’éviction de l’élu des instances dirigeantes du Rassemblement national (RN) au début du mois de décembre.
Chronologie des faits et réactions internes au RN
Selon le parquet, la décision de renvoyer M. Rachline devant la justice suit des investigations ouvertes après plusieurs révélations et des actes de procédure récents. Le Nouvel Observateur a révélé plus tôt, dans la journée, la mise en examen du maire, information confirmée ensuite par le procureur Pierre Coutenier.
Des cadres du RN avaient, ces dernières semaines, suggéré d’autres explications à l’exfiltration de M. Rachline des responsabilités du parti le 2 décembre 2025, évoquant notamment une photographie diffusée en octobre sur ses réseaux sociaux et montrant, selon eux, des militants qualifiés de néofascistes. Ces allégations internes n’ont pas été présentées par le parquet comme motifs de poursuites ; les éléments retenus par la justice concernent des faits de nature financière et administrative.
La chronologie matérielle rappelée par les autorités est la suivante : deux jours de garde à vue les 24 et 25 novembre 2025, puis, une semaine plus tard, la mesure interne du RN qui a réduit son statut à celui d’un simple « adhérent », selon les termes rapportés par la presse et les responsables du parti.
Nature des poursuites et rôle d’intermédiaires
Le procureur Pierre Coutenier a indiqué que David Rachline et plusieurs de ses collaborateurs, anciens ou actuels, sont poursuivis pour avoir favorisé la société de sécurité d’un proche du maire dans l’attribution de marchés publics. L’accusation de favoritisme porte donc sur des attributions de contrats locaux et non sur des délits d’opinion ou de participation à des réseaux militants.
Ces poursuites s’inscrivent dans un dossier plus large. En janvier 2024, le parquet de Draguignan avait ouvert une enquête préliminaire sur des faits rapportés en 2023, visant notamment des chefs tels que la corruption active et passive d’élu. Ces investigations trouvent leur origine dans des enquêtes journalistiques publiées l’année dernière.
Parmi les travaux ayant mis en lumière des pratiques contestées figure l’enquête de la journaliste Camille Vigogne Le Coat. Son livre, Les Rapaces. Enquête sur la « mafia varoise » de Marine Le Pen (Les Arènes, 2023), mettait en cause des liens d’affairisme autour de la gestion municipale de Fréjus, décrivant notamment une entente présumée entre un élu et un homme d’affaires influent du BTP local, ainsi qu’un train de vie jugé démesuré.
Ces révélations éditoriales ont, selon le dossier public, contribué à l’ouverture des investigations judiciaires. Le maire, qui avait fait de Fréjus une vitrine communale pour le Front national — devenu Rassemblement national en 2018 —, avait déjà vu sa place au sein du parti remise en cause à la suite de ces enquêtes médiatiques : il a quitté la vie interne du RN après les publications de 2023.
Conséquences politiques et procédure à venir
La prochaine étape judiciaire est la date de jugement fixée au 22 septembre 2026. Le calendrier judiciaire devra désormais préciser les chefs exacts retenus au moment de l’ouverture du procès, la nature des preuves admises et la liste complète des co-prévenus cités par le parquet.
Sur le plan politique, l’affaire Rachline relance les questions sur la gouvernance locale et les contrôles des marchés publics dans plusieurs communes. Les acteurs politiques et judiciaires continueront de scruter l’évolution de la procédure. Dans l’immédiat, la communication officielle du parquet et les révélations de la presse constituent les principales sources publiques d’information sur ce dossier.
Les faits rapportés ici reposent sur les annonces du parquet de Draguignan et sur des enquêtes journalistiques publiées en 2023 et 2025. Là où la presse et le ministère public présentent des éléments contradictoires ou partiels, le déroulé retenu privilégie la chronologie des actes de procédure et les déclarations officielles rendues publiques par le procureur.





