Le Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens (RPPRAC) a transformé son mouvement de protestation en formation politique. Inscrite au Journal officiel le 23 septembre, la nouvelle structure se nomme Pour le peuple (PLP), a indiqué l’association dans un communiqué publié mardi 30 septembre.
De la rue aux urnes : genèse et revendications
Le PLP se présente comme le « fruit de la mobilisation » de l’association, née d’une série de manifestations contre le coût de la vie en Martinique. Ces mobilisations avaient pris de l’ampleur fin août 2024, lorsque le RPPRAC a popularisé sur les réseaux sociaux la revendication d’un « alignement des prix » pratiqués en grande distribution sur ceux observés dans l’Hexagone.
Selon l’Insee, cité par l’association, les denrées alimentaires sont 40 % plus chères en Martinique qu’en métropole. Ce différentiel a alimenté l’exaspération et justifié, aux yeux des organisateurs, la transformation du collectif en parti politique afin de porter des réponses politiques durables.
Bilan des actions : un résultat en demi-teinte
Le RPPRAC reconnaît ne pas avoir obtenu la victoire attendue sur la baisse des prix alimentaires. « On n’a pas gagné sur ce combat que nous avons mené initialement, à savoir la baisse des prix dans l’alimentaire, bien au contraire », admet Rodrigue Petitot, coprésident de l’association et du parti, lors d’un entretien téléphonique.
Les chiffres publiés par l’Insee confirment une tendance défavorable : en août, les prix alimentaires avaient même augmenté de 0,3 % sur un an, malgré la signature d’un protocole destiné à faire baisser certains tarifs.
Ce protocole, signé en octobre 2024 par le préfet de la Martinique et une trentaine d’acteurs locaux, visait une réduction de 20 % du prix de vente sur plus de 6 000 produits alimentaires dans les hypermarchés de l’île. Le document est intervenu après six semaines de manifestations, marquées localement par des épisodes de violences nocturnes.
Ambitions politiques et enjeux locaux
Le passage du RPPRAC au statut de parti traduit une volonté de convertir un mouvement social en force politique structurée. Le communiqué du groupe affirme désormais vouloir « bâtir une politique proche des réalités, pensée et portée par le peuple et pour le peuple ». Cette formule résume l’objectif affiché : ancrer les revendications sociales dans un projet politique capable d’agir sur les leviers économiques et institutionnels.
Rodrigue Petitot, qui assume la coprésidence tant de l’association que du parti, incarne ce double positionnement. Il souligne la nécessité d’élargir l’action au-delà des manifestations pour influer sur les décisions publiques et les pratiques commerciales.
Le contexte social et économique de la Martinique, marqué par un coût de la vie élevé par rapport à la métropole, reste le principal carburant de ce nouveau projet politique. La persistance d’un écart de prix important pour les denrées alimentaires explique en grande partie la mobilisation initiale et l’urgence revendiquée par les organisateurs.
Questions en suspens
Plusieurs points restent à préciser pour mesurer l’impact futur du PLP. Le communiqué initial ne détaille pas encore l’organisation interne du parti, sa feuille de route électorale ni ses alliances éventuelles. De même, l’efficacité du protocole signé en octobre 2024 et les raisons de sa mise en échec partiel, mesurées par la légère hausse de 0,3 % des prix alimentaires en août, appellent des explications complémentaires des autorités locales et des acteurs de la distribution.
Enfin, la transformation d’un collectif de protestation en parti politique pose la question de sa capacité à structurer un discours politique cohérent et durable, susceptible de dépasser la mobilisation ponctuelle sur le pouvoir d’achat pour traiter d’autres enjeux socio-économiques de l’île.
Le RPPRAC, désormais PLP, conserve néanmoins un ancrage populaire et une visibilité médiatique, éléments qui pourraient peser lors des prochains rendez-vous électoraux locaux si le parti confirme sa volonté d’aller « des rues aux urnes ».