Lors d’une réunion avec le monde économique de Guadeloupe, vendredi 12 décembre, la question de l’adaptation des règles européennes aux spécificités des territoires ultrapériphériques a dominé les échanges. « La simplification doit être pensée pour nous ! », s’est exclamé Rody Tolassy, eurodéputé Rassemblement national du territoire, reprenant un propos largement partagé ce jour-là par Ary Chalus, président de la région Guadeloupe.
Deux priorités exposées par les élus
Ary Chalus a résumé la position régionale en identifiant « deux sujets ». « D’une part, vos doléances par rapport à l’adaptation des règles européennes à nos territoires, d’autre part, le nouveau cadre financier pluriannuel », a-t-il déclaré, en faisant référence à la feuille de route de l’Union européenne pour 2028-2034.
Sur le premier point, les intervenants ont insisté pour que la réglementation communautaire tienne compte des contraintes géographiques, économiques et sociales propres aux territoires ultrapériphériques. Les attentes portent notamment sur la simplification des procédures administratives et sur des ajustements réglementaires permettant une mise en œuvre effective des politiques européennes localement.
Un rejet collectif du projet de la Commission
Fin novembre, les présidents des régions ultrapériphériques (RUP) ont adopté une déclaration commune. Ils y rejettent le projet de cadre financier pluriannuel présenté par la Commission européenne, document qui prévoit, selon eux, une réduction des crédits et une redéfinition des modalités de gestion des fonds.
La critique principale cible la proposition de transférer vers les États une partie des fonds aujourd’hui gérés par les régions, notamment dans les domaines de l’agriculture, de la pêche et du soutien industriel. Les signataires estiment que cette orientation reviendrait à « renationaliser les aides européennes » et nuirait à l’approche régionale.
Pour les RUP, cette renationalisation irait « au détriment de l’approche régionale » et exclurait « une stratégie différenciée », formule qu’ils rappellent être inscrite dans les traités européens. Leur position est celle d’une défense du rôle régional dans la conception et la mise en œuvre des politiques financées par l’Union.
Qui sont les régions ultrapériphériques ?
La Conférence des présidents des régions ultrapériphériques est présidée par Ary Chalus. Elle rassemble des collectivités qui, pour l’essentiel, sont éloignées du continent européen et confrontées à des contraintes spécifiques. Sont ainsi concernées les départements ultramarins français et Saint‑Martin, les îles Canaries (Espagne) et les régions insulaires portugaises que sont les Açores et Madère.
Les responsables de ces territoires mettent en avant la nécessité d’une approche adaptée, fondée sur une coopération étroite entre l’Union, les États membres et les autorités régionales, afin d’assurer une utilisation des fonds conforme aux réalités locales.
Enjeux et implications pour l’économie locale
Les représentants économiques présents ont souligné les risques potentiels d’une réduction des crédits ou d’un changement de mode de gestion. Pour eux, une moindre autonomie régionale dans la gestion des financements pourrait ralentir des projets structurants dans les secteurs agricole, halieutique et industriel.
Les demandes exprimées lors de la réunion reflètent un besoin d’articulation plus claire entre les objectifs européens et les priorités territoriales, afin d’éviter des effets contraires à la relance et au développement local.
Les débats montrent également que la concertation entre acteurs locaux et institutions européennes demeure au cœur des préoccupations. Les présidents des RUP insistent pour que la future programmation financière tienne compte des spécificités insulaires et ultramarines et préserve la capacité d’intervention régionale.
Sur ces points, les autorités régionales attendent désormais des réponses formelles de la part des institutions européennes et des États membres, dans la perspective de la négociation du cadre financier pour 2028-2034.





