Guadeloupe : Kathron Fortune dit Cuchi, chef de gang, condamné à perpétuité pour deux assassinats transfrontaliers

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La cour d’assises de Guadeloupe a condamné Kathron Fortune, dit « Cuchi », à la réclusion criminelle à perpétuité avec 22 ans de sûreté pour l’assassinat de deux hommes originaires de Saint‑Martin en 2005 et 2006. Un procès marqué par la peur des témoins et les difficultés d’enquête sur un réseau criminel transfrontalier, qui s’appuie sur un dossier lourd comprenant des condamnations antérieures et un transfert depuis les Pays‑Bas. Une nouvelle audience sur un autre meurtre de 2006 est prévue du 29 septembre au 1er octobre.

La cour d’assises de Guadeloupe, à Basse-Terre, a condamné jeudi 25 septembre au soir Kathron Fortune, dit « Cuchi », à la réclusion criminelle à perpétuité pour l’assassinat de deux hommes survenus en 2005 et 2006.

Les faits reprochés

Le tribunal a reconnu Fortune coupable du meurtre de Jomo Maynard et de Gilbert Hyman, tous deux originaires de Saint-Martin et présentés au procès comme les « lieutenants » d’un gang dirigé par l’accusé.

La mère de Jomo Maynard avait déclaré l’avoir vu quitter son domicile le 21 novembre 2005 dans la voiture de « Cuchi ». Selon des témoignages recueillis au cours de l’enquête, le corps de Maynard aurait été découpé, placé dans des sacs plastiques puis enterré ou jeté à la mer. Les enquêteurs attribuent un sort similaire à Gilbert Hyman, porté disparu après le 15 mars 2006.

Le procès : témoins, peur et procédures

Sur dix-sept témoins cités, peu se sont présentés à la barre depuis l’ouverture du procès lundi. Deux personnes figurant parmi ces dix-sept sont décédées « au cours de la procédure », selon les éléments présentés aux débats.

Plusieurs témoins qui sont venus comparaître ont évoqué leur « peur » de représailles, sentiment qui a été souligné dès le début du procès et qui a limité le nombre de dépositions directes disponibles pour les magistrats.

La peine et ses modalités

La cour a prononcé, en plus de la réclusion à perpétuité, une période de sûreté de vingt-deux ans. Le verdict suit les réquisitions de l’avocate générale, Elodie Rouchouse, et va dans le sens des demandes formulées par les avocats des parties civiles.

Le dossier précise que Kathron Fortune a déjà été condamné à la perpétuité par la justice néerlandaise pour d’autres homicides commis lors de sa cavale. Il purge actuellement une peine aux Pays-Bas et avait été transféré en Guadeloupe pour le déroulement de ce procès.

Une audience distincte est prévue du 29 septembre au 1er octobre en Guadeloupe pour un autre meurtre commis en 2006, pour lequel Fortune sera également jugé. Selon une source judiciaire citée par l’Agence France‑Presse, l’accusé de 47 ans restera en Guadeloupe « au moins deux semaines après la fin du procès » afin de respecter les délais d’éventuels recours, avant un retour aux Pays‑Bas pour y purger sa peine à perpétuité.

Antécédents judiciaires et transferts

Le parcours judiciaire de Kathron Fortune comporte plusieurs condamnations. En 2007, il avait été condamné à vingt et un ans de prison pour meurtre à Sint‑Maarten, la partie néerlandaise de Saint‑Martin. En 2016, il s’était évadé, puis avait été arrêté en 2017 à Saint‑Kitts‑et‑Nevis.

Remis aux autorités néerlandaises après son arrestation, il a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité par la justice des Pays‑Bas pour le meurtre de deux hommes commis pendant sa cavale. Incarcéré dans une prison de haute sécurité aux Pays‑Bas, il a été transféré début septembre en Guadeloupe pour répondre à ces nouvelles poursuites, après un précédent refus d’extradition lié à son profil.

La cour a pris en compte l’ensemble de cette trajectoire judiciaire au moment de motiver sa décision et d’ordonner la période de sûreté.

Ce dossier, marqué par des faits anciens — 2005 et 2006 — et par la difficulté à faire venir des témoins, illustre la complexité des enquêtes liées à des réseaux criminels transfrontaliers dans les îles de la Caraïbe, ainsi que les enjeux de coopération judiciaire entre juridictions nationales.

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