Sur la façade de l’hôtel de ville de Trappes, une banderole de six mètres aux couleurs de la Palestine a été déployée, affichant le message : « Trappes jumelée avec le camp de réfugiés palestiniens d’Al Fawwar. Pour la paix au Proche-Orient. » Ce signe visible rappelle l’engagement des élus locaux et marque la nouvelle relation officielle nouée entre la commune des Yvelines et le camp d’Al Fawwar, en Cisjordanie, près d’Hébron.
Un jumelage voté par le conseil municipal
Le jumelage a été adopté par le conseil municipal le 2 juin à la grande majorité, avec une voix contre. La décision intervient quelques jours après une soirée de solidarité à laquelle participait une délégation venue d’Al Fawwar. Pour le maire de Trappes, Ali Rabeh (Génération.s), cette séquence constitue « le moment le plus important de (sa) vie militante », formulation reprise par les élus pour souligner la portée symbolique et humaine de l’initiative.
La banderole et les cérémonies qui l’ont accompagnée visent d’abord à rendre visible une coopération locale marquée par des échanges humains. Les autorités municipales présentent ce jumelage comme un geste de soutien au camp et comme un lien de proximité entre acteurs territoriaux. Le format retenu — un jumelage entre une commune française et un camp de réfugiés palestinien — illustre une démarche de solidarité qui se développe désormais au niveau municipal.
Des partenariats locaux qui se multiplient en France
Trappes n’est pas un cas isolé : plusieurs municipalités françaises, petites ou grandes, ont ces derniers mois créé ou renforcé des partenariats avec des autorités locales palestiniennes. En octobre, Lyon a accueilli une délégation de Jéricho afin de préparer l’officialisation d’une coopération initiée en 2005. La ville explique que ces rencontres servent à consolider des projets déjà en cours et à formaliser des échanges institutionnels.
Le 22 septembre — jour où la France a reconnu l’État de Palestine — Marseille a annoncé son jumelage avec Bethléem. À Strasbourg, le conseil municipal a adopté au mois de juin un jumelage avec le camp de réfugiés d’Aïda, au nord de Bethléem. La maire écologiste de Strasbourg, Jeanne Barseghian, a défendu cette décision en déclarant : « Une manière … de manifester notre soutien au peuple palestinien et d’œuvrer à la paix dans un contexte géopolitique tragique. » Ces formules traduisent la volonté des élus de lier diplomatie locale et solidarité internationale.
Réactions et enjeux locaux
Ces positions ont suscité des réactions contrastées. Les annonces de jumelages ont parfois entraîné des critiques, tant sur le plan politique que médiatique. Les oppositions locales et des voix nationales ont questionné l’opportunité d’utiliser des outils municipaux pour des prises de position perçues comme géopolitiques. Les mairies concernées soulignent, pour leur part, l’importance de l’échange entre collectivités et la possibilité d’engager des projets concrets, en indiquant que le jumelage se traduit par des initiatives culturelles, éducatives ou sanitaires plutôt que par des actions purement symboliques.
Les promoteurs de ces partenariats insistent sur la distinction entre soutien humanitaire ou culturel et alignement diplomatique. Ils rappellent que des jumelages municipaux existent depuis longtemps entre villes européennes et palestiniennes, souvent pour accompagner des projets de développement local. Dans le cas présent, la visibilité donnée par la banderole de Trappes est perçue comme une manière de rendre tangible un lien déjà établi entre acteurs locaux et populations du camp d’Al Fawwar.
Sans écarter les débats qu’ils peuvent susciter, les élus qui portent ces initiatives présentent le jumelage comme un outil de solidarité et de coopération concrète. Les prochaines étapes annoncées par ces municipalités consistent généralement en échanges de délégations, projets de partenariat et initiatives de type culturel ou éducatif visant à renforcer les liens bâtis depuis l’amorce de ces relations.





