Le RN infléchit sa ligne jacobine en Corse: alliance tactique avec les identitaires, promesse d’un statut particulier et défense de la langue insulaire

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La première rencontre entre Nicolas Battini et Marine Le Pen marque une inflexion politique : le Rassemblement national, selon Philippe Olivier, ménage désormais une sensibilité régionaliste corse sans prononcer le mot « autonomie », proposant un « statut particulier » et la défense de la langue insulaire. Alliance tactique sur fond de préoccupations migratoires extra‑européennes — visibilité accrue pour le mouvement corse mais risques d’opprobre et incertitudes sur la durabilité des concessions.

Une rencontre qui marque une inflexion

La première entrevue entre Nicolas Battini, figure identitaire corse, et Marine Le Pen, au mois d’octobre, a pris un tour inattendu. Selon le récit de l’échange, la députée, d’origine bretonne et qualifiée dans le texte d’« héritière du clan de La Trinité-sur-Mer (Morbihan) », a affirmé à son interlocuteur qu’elle n’était pas insensible à sa fibre régionaliste. Ces propos, prononcés « droit dans les yeux » selon la narration, ont scellé une alliance électorale qui surprend par sa combinaison : un Rassemblement national (RN) longtemps perçu comme hostile à l’expression des particularismes régionaux d’un côté, et un mouvement autonomiste corse préoccupé à la fois par l’immigration extra‑européenne et par le statut de l’île de l’autre.

Cette réunion apparaît comme un point d’inflexion pour le RN. Le mot « inflexion » est employé par Philippe Olivier, conseiller spécial de Marine Le Pen, pour qualifier l’évolution de la ligne du parti sur la question nationale et territoriale. L’événement illustre comment des calculs électoraux et des accommodements politiques peuvent conduire des forces aux traditions opposées à se rapprocher autour d’objectifs partagés, ou au moins partiellement compatibles.

Des concessions mesurées plutôt qu’un reniement

Malgré ce rapprochement, le RN pose des bornes nettes à son engagement. Le parti refuse d’aborder le terme d’« autonomie », revendication centrale du mouvement corse désormais partenaire. À la place, il avance des propositions moins tranchées, parlant d’un « statut particulier » pour la Corse et d’un engagement renforcé en faveur de la défense de la langue insulaire.

Ce choix s’inscrit dans une stratégie de compromis : ménager une sensibilité régionaliste sans rompre avec une culture politique longuement marquée par le jacobinisme. L’attitude du RN illustre une volonté de capter des électeurs régionalistes tout en évitant d’adopter des positions susceptibles d’aliéner son électorat nationaliste. Le vocabulaire employé — « statut particulier » — traduit cette prudence, en restant volontairement flou sur le degré d’autonomie concrète envisagé.

Continuité et variations dans la ligne nationale

La rencontre corse ne représente pas une première incursion du RN sur ce terrain. Le parti a déjà montré une certaine flexibilité sur d’autres dossiers territoriaux, notamment le dossier néo‑calédonien, où il a, selon le texte d’origine, assoupli des positions historiquement hostiles aux séparatistes. Ce précédent sert d’élément de comparaison et suggère que le RN peut, ponctuellement, réviser sa rhétorique jacobine pour répondre à des enjeux locaux et électoraux.

Pour autant, la nuance reste de rigueur : un assouplissement tactique ne signifie pas nécessairement une adhésion idéologique aux demandes autonomistes. Le parti conserve des réserves publiques et s’en tient à des formules qui éludent les ruptures institutionnelles fortes, privilégiant des engagements présentés comme des aménagements plutôt que des transferts effectifs de souveraineté.

Enjeux et incertitudes pour la Corse

Pour le mouvement corse, l’alliance avec le RN comporte des promesses et des risques. Elle offre une visibilité nationale et un levier politique pour faire valoir des demandes spécifiques — sur le plan symbolique, linguistique et institutionnel — mais expose aussi la cause autonomiste à des critiques pour ses rapprochements avec un parti d’extrême droite. Le texte initial souligne la double préoccupation du mouvement corse : la question migratoire extra‑européenne et le statut même de l’île.

Le résultat de cet accord dépendra de la capacité des partenaires à transformer des formules générales en mesures concrètes, sans pour autant franchir les lignes rouges que l’un ou l’autre camp refuse d’énoncer. À ce stade, la relation se caractérise par une série de concessions limitées et par une rhétorique prudente, laissant subsister des incertitudes sur la profondeur et la durabilité du rapprochement.

En l’absence d’énoncés plus précis ou de mécanismes juridiques détaillés évoqués dans le texte original, il convient de lire ce rapprochement comme un ajustement tactique davantage que comme une refondation durable des positions respectives.

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