Des enfants qui jouent au football, des groupes qui dansent et des adolescents qui s’initient à la boxe sur un ring tout neuf : c’est l’image dominante lors de l’inauguration du complexe sportif Pape‑Diouf, mercredi 17 septembre. Parmi la foule, des parents discutent sur les bancs — de nombreuses mères voilées figurent parmi elles — tandis que des élus municipaux circulent entre les groupes, visiblement satisfaits de pouvoir enfin ouvrir un équipement promis depuis 2010.
Un équipement attendu depuis 2010
Le complexe porte le nom de Pape Diouf, ancien président de l’Olympique de Marseille entre 2005 et 2009, décédé en 2020. Journaliste d’origine sénégalaise, il a vécu dans le quartier de Belsunce, situé entre la gare Saint‑Charles et la Canebière, et y conservait des habitudes de proximité, selon son fils Karim Diouf, invité d’honneur de la journée. « Il y gardait ses habitudes, venait y acheter ses épices », rapporte Karim Diouf.
L’ouverture de cet équipement, longtemps annoncée mais retardée, marque pour les autorités locales la concrétisation d’un engagement ancien. Sur place, l’architecture et les installations — terrains, salle polyvalente et ring de boxe — ont été mises en avant comme des outils destinés à favoriser la pratique sportive des jeunes du quartier.
Usage quotidien et scènes de vie
La scène inaugurale offrait un mélange d’usages quotidiens : foot de rue, ateliers de danse et initiation à la boxe attirant un public familial. Les parents présents observent et échangent pendant que les enfants s’approprient les espaces. L’ambiance générale reste conviviale, selon plusieurs témoins présents lors de la cérémonie.
Les élus municipaux ont participé aux échanges avec les associations et les familles, circulant entre les différents points d’animation. Leur présence a été perçue comme un signal politique symbolique, renforçant la portée de l’inauguration qui porte le nom d’une personnalité locale très liée à Belsunce.
Des habitants partagés entre soulagement et inquiétudes
Malgré la joie liée à l’ouverture, certains habitants expriment des réserves sur le quotidien du quartier. Assis à l’ombre en attendant les discours, Mohamed Douichene, 38 ans, et son épouse Nora, 34 ans, racontent être arrivés à Belsunce il y a un an, en provenance d’Oran (Algérie), pour faire soigner leur fils. « On a choisi ce quartier parce qu’il était central. Maintenant, on voudrait changer. C’est beau, mais on ne se sent pas à l’aise. Il y a des tirs, des bagarres, le trafic. Il manque la sécurité… », confie M. Douichene, visiblement gêné de formuler ces critiques envers ce qu’il appelle sa terre d’accueil.
Ce témoignage illustre une tension récurrente : l’arrivée d’équipements publics peut améliorer l’offre locale, mais elle n’efface pas immédiatement les problèmes de sécurité et d’insécurité perçue par des résidents.
Enjeux locaux et attentes
Pour les associations et les acteurs locaux, le complexe représente une opportunité d’encadrer davantage les pratiques sportives et de proposer des activités structurées pour les jeunes. Les espaces dédiés à plusieurs disciplines, comme le football et la boxe, permettent de diversifier l’offre et d’accueillir des publics variés, familles comprises.
Parallèlement, plusieurs habitants estiment que l’efficacité de ce type d’équipement dépendra des dispositifs complémentaires : présence d’animateurs, horaires d’accès, partenariats avec les associations locales et mesures destinées à réduire les nuisances et les actes de violence signalés. Ces éléments n’ont pas été détaillés dans le discours public lors de l’inauguration.
Un symbole, mais pas une solution miracle
Le baptême du complexe Pape‑Diouf renvoie à une mémoire locale et à la figure d’un ancien dirigeant sportif et journaliste ayant des attaches fortes dans le quartier. Pour les habitants, le nom confère une dimension symbolique à l’équipement et rappelle des trajectoires de vie liées à l’immigration et à l’intégration.
Toutefois, l’accueil réservé au nouvel équipement montre qu’un bâtiment seul ne suffit pas à transformer immédiatement les perceptions ou la réalité sociale. Les réactions mixées — joie, fierté, et inquiétudes — mettent en lumière la nécessité d’une approche globale qui associe interventions sociales, dispositifs de prévention et programmation sportive adaptée.
Sur place, la journée d’inauguration a permis à des familles de retrouver un lieu de rencontre et à des jeunes de tester des activités nouvelles. Reste désormais à suivre, dans les semaines et mois à venir, la traduction concrète de ces promesses en usage régulier, accueil durable et amélioration ressentie de la qualité de vie par les habitants.