Un rapport de l’IME Paris appelle à dépasser le périmètre municipal
Petite capitale ultra-dense engoncée dans son boulevard périphérique et poids lourd économique au cœur de la région la plus peuplée de France, Paris ne peut, selon l’Institut du monde économique Paris (IME Paris), se penser uniquement à l’échelle de sa voirie et de ses habitants. C’est le message central du deuxième rapport de l’IME Paris, consacré aux mobilités, publié le vendredi 5 décembre 2025.
Fondé en août 2025 par le Medef et une quinzaine d’organisations professionnelles, l’IME Paris formule une mise en garde sur la conception trop municipale des politiques de transport. Le rapport, qui se veut analytique, ne remet pas en cause le bien‑fondé des politiques visant à réduire la place de la voiture et à développer le vélo en ville. Il attire toutefois l’attention sur un risque politique et économique : le repli sur les seuls besoins des résidents parisiens.
Entre choix locaux et enjeux régionaux
« en plaçant au second plan les problématiques économiques et régionales », écrit l’IME, la municipalité pourrait ignorer des effets significatifs au‑delà de ses limites administratives. Pour l’institut, « Paris est confrontée à l’impossibilité d’être une île en matière de politique de mobilité » ; la Ville, poursuit-il, « a une responsabilité politique et économique particulière qui dépasse le territoire de la Ville ».
Le rapport souligne que ces tensions se manifestent concrètement dans des décisions récentes. Deux mesures ont été mises en avant : l’interdiction, encore théorique, de traverser le centre de Paris en voiture, et surtout l’abaissement à 50 km/h de la vitesse sur le boulevard périphérique, décidé unilatéralement par la Mairie. L’IME rappelle que 80 % des usagers du périphérique ne résident pas dans la capitale, mettant en lumière le décalage entre la portée territoriale de la décision et la population concernée.
Conséquences et questions ouvertes
Le rapport n’émet pas de solution clé en main, mais il souligne la nécessité d’un dialogue plus large entre acteurs municipaux, collectivités de la petite et grande couronne, entreprises et usagers. Il met en avant la complexité des flux qui traversent Paris quotidiennement et le fait que les décisions locales peuvent produire des effets économiques et logistiques sur l’ensemble de l’aire urbaine.
L’IME insiste sur le caractère simultanément politique et économique des choix de mobilité : au‑delà des objectifs environnementaux ou de qualité de vie, ces décisions influent sur l’accès aux emplois, la circulation des marchandises et la compétitivité régionale. Le rapport appelle à mieux concilier ambitions réformatrices et impératifs de coordination interterritoriale.
Une lecture mesurée des mesures municipales
Sans récuser les orientations de la Mairie en matière de réduction de la voiture et de développement des modes doux, l’IME attire l’attention sur le fait que certaines mesures prises au niveau de la Ville ont des impacts bien au‑delà de ses frontières administratives. L’exemple du périphérique illustre un point concret : une décision municipale affecte majoritairement des non‑résidents, selon les observations consignées dans l’étude.
Le caractère « encore théorique » de l’interdiction de traverser le centre indique par ailleurs que certaines propositions restent à préciser, notamment sur leur calendrier et leurs modalités d’application. Le rapport appelle implicitement à clarifier ces éléments avant de généraliser des mesures aux effets potentiellement transfrontaliers.
Vers une gouvernance élargie des mobilités ?
Le deuxième rapport de l’IME Paris plaide, de manière globale, pour une gouvernance des mobilités qui ne s’arrête pas aux limites municipales. Il invite à associer systématiquement les collectivités et les acteurs économiques concernés lorsque des décisions ont une portée régionale.
S’il ne dicte pas de feuille de route unique, l’étude constitue une alerte sur les risques d’un traitement exclusivement local des politiques de transport dans une métropole intégrée à une vaste région économique. Les observations de l’IME soulignent la nécessité d’un équilibre entre transformations urbaines ambitieuses et coordination territoriale pour préserver la fluidité des déplacements et les fonctions économiques de l’aire métropolitaine.





