Pour la première fois à Paris, le Parti socialiste (PS), les écologistes et le Parti communiste partiront unis dès le premier tour des élections municipales. L’annonce a été faite mercredi 17 décembre au soir : la liste d’union sera conduite le 15 mars 2026 par Emmanuel Grégoire (PS), ancien premier adjoint de la maire sortante Anne Hidalgo, aux côtés des chefs de file écologiste David Belliard et communiste Ian Brossat.
Un accord validé par les militants
Le projet d’alliance a reçu un large aval interne : le conseil fédéral des socialistes parisiens l’a approuvé à 85 % et plus de 70 % des militants écologistes de la capitale ont voté en sa faveur, vote qui était décisif. L’accord était également soumis aux instances du Parti communiste, qui devaient l’approuver d’ici jeudi matin, selon les documents communiqués aux partenaires.
Emmanuel Grégoire a salué cette union comme « un moment historique » et indiqué que ce soutien « m’honore et m’oblige pour la bataille à venir ». Selon lui, il s’agit d’une étape majeure pour organiser la campagne de la gauche à Paris.
Orientation stratégique et refus d’alliances ciblées
Le texte de l’accord, consulté par l’Agence France-Presse, engage les partenaires « à tout faire pour qu’il n’y ait qu’une seule liste de gauche au second tour ». Il exclut expressément toute alliance avec le candidat Horizons soutenu par Renaissance, Pierre-Yves Bournazel. En revanche, le pacte ne ferme pas explicitement la porte à La France insoumise (LFI), qui a investi Sophia Chikirou, bien qu’Emmanuel Grégoire ait répété qu’il ne discuterait pas avec « les insoumis », ni au premier ni au second tour.
David Belliard a qualifié le résultat du vote comme « un vote de responsabilité, pour faire gagner l’écologie sociale et populaire ». Sur son compte Instagram, il a dénoncé ce qu’il a décrit comme « une droite trumpiste, antipauvres, affairiste et climatosceptique », une critique dirigée notamment contre la candidate des Républicains, Rachida Dati.
Concessions, places et tensions internes
L’alliance, annoncée initialement pour octobre et finalisée après plus de trois mois de tractations, associe également Place publique, le parti de Raphaël Glucksmann, et L’Après (ex-LFI). Les négociations ont été serrées et ont entraîné des conséquences internes, notamment pour le PS : plusieurs représentants socialistes sortiront mécaniquement de la liste au profit de partenaires de l’union.
Un des sujets les plus sensibles portait sur la répartition des places d’élus au Conseil de Paris dans un contexte de modification du mode de scrutin. L’accord prévoit que 36 écologistes seraient désormais éligibles, contre 28 aujourd’hui, ce qui représente un gain de huit places effectives.
Les écologistes ont également obtenu des postes symboliques : David Belliard sera tête de liste dans le XIe arrondissement, un secteur marqué par l’histoire politique (Léon Blum y fut élu) et qui comprend l’arrondissement de la maire sortante Anne Hidalgo. Si l’accord se concrétise, les Verts ajouteraient cette mairie à celles du XIIe et du XIVe qu’ils dirigent déjà.
Programme commun et points de divergence
Les partenaires ont défini plusieurs « marqueurs communs ». Parmi eux figurent la revalorisation du périscolaire, la mise en place d’un service de garde d’enfants universel, l’objectif de 40 % de logements publics dont 30 % de logements sociaux, ainsi que la poursuite des politiques de piétonnisation et de verdissement. La gratuité des bus, proposée par David Belliard, figure aussi parmi les mesures portées par les écologistes au sein de l’union.
Cependant, des différences subsistent, notamment sur l’avenir du Parc des Princes, le stade du Paris Saint-Germain, où les partenaires ne se sont pas entendus. Ces points de tension pourraient resurgir au fil de la campagne municipale.
Enfin, cette démarche d’union dès le premier tour s’inscrit dans une tendance nationale : plusieurs grandes villes dirigées par la gauche ont déjà conclu des alliances PS-Écologistes similaires en amont du scrutin, ce qui a servi de précédent aux négociations parisiennes.
Sans visée exhaustive, l’accord annonce une recomposition locale des forces de gauche à Paris et ouvre la voie à une campagne commune fondée sur des engagements partagés, tout en laissant subsister des désaccords qui devront être gérés au cours des prochains mois.





