Pull en V beige posé sur une chemise blanche, la démarche comme alourdie par le deuil, Amine Kessaci est apparu jeudi 18 décembre à la tribune du conseil municipal de Marseille. Il était accompagné et guidé par le maire Benoît Payan (divers gauche). La visite, longtemps tenue secrète, a ouvert la dernière séance de 2025 et marquait aussi la clôture de la mandature municipale.
Une intervention introduite par le maire
En ouverture de la séance, le maire a expliqué la raison de cette convocation exceptionnelle. « Il était important pour nous, pour moi, pour la représentation municipale, après les drames que notre ville connaît, de vous donner la parole », a lancé Benoît Payan, avant de céder la parole au frère de la victime.
La présence d’Amine Kessaci intervenait quelques jours après sa prise de parole au Parlement européen, et elle s’inscrivait également dans le prolongement immédiat d’un drame familial : l’assassinat de Mehdi Kessaci, son petit frère, le 13 novembre. La séance du 18 décembre était, selon le texte d’origine, le premier conseil municipal tenu après cet assassinat.
Une salle partagée entre ovation et silence
À son arrivée, Amine Kessaci a reçu une ovation debout de la quasi-totalité des élus présents. Seuls quelques conseillers, à droite et à l’extrême droite, sont restés assis ou les bras ballants, d’après le compte rendu.
Le fondateur de l’association Conscience a pris la parole d’une voix chargée d’émotion, comme il le fait depuis plusieurs semaines. Il a d’abord remercié les Marseillais pour leur mobilisation, en particulier lors de la marche blanche organisée le 22 novembre, évoquant ceux qui « se sont tenus debout » à cette occasion.
Au-delà des remerciements, son discours a comporté un appel inscrit sur un registre à la fois personnel et civique : selon lui, il faut changer de méthode et adopter une approche plus globale pour lutter contre le narcotrafic, fléau pointé comme l’un des facteurs des violences récentes.
Un message politique sans surenchère
Amine Kessaci, connu pour son engagement associatif, a présenté ses propos comme le prolongement d’un combat déjà mené publiquement. Son intervention au conseil municipal a évité les formulations sensationnalistes et s’est concentrée sur la demande d’une stratégie différente et plus globale face à la criminalité liée aux stupéfiants.
La tonalité de la séance a reflété la tension et la division présentes dans l’hémicycle : recueils et applaudissements ont coexisté avec des silences et des regards détournés. L’accueil des élus a mis en lumière des lignes de fracture politique, mais aussi une volonté partagée de laisser la parole à une victime proche du drame.
La discrétion entourant la venue d’Amine Kessaci indique la sensibilité du moment et la précaution des autorités municipales à organiser une intervention qui soit à la fois respectueuse et protégée. Le contexte — fin de mandature et recentrage sur des questions de sécurité urbaine — a amplifié la portée symbolique de cette prise de parole.
Sans proposer de mesures immédiates dans le discours relayé, Kessaci a insisté sur la nécessité d’une mobilisation plus large, qui dépasse les réponses répressives classiques et engage des politiques publiques coordonnées. Il a rappelé l’importance du soutien citoyen et associatif, déjà visible lors des manifestations organisées à Marseille.
La séance du 18 décembre restera marquée par la rencontre entre un élu municipal et un proche d’une victime, dans un contexte de deuil et d’exigence de changement. Les demandes formulées par Amine Kessaci ouvrent un chantier politique et social qui, selon lui, appelle à une réponse collective et repensée face au narcotrafic et à ses conséquences.





