Des affiches bleues barrées en lettres capitales blanches « Stop à l’insécurité » ont fait leur apparition dans les rues de Grenoble. Elles portent le nom d’Alain Carignon, qui a officiellement annoncé sa candidature aux élections municipales prévues en mars 2026 à Grenoble.
Une candidature marquée par le passé
Alain Carignon n’est pas un novice de la vie municipale grenobloise. Il a exercé la fonction de maire de Grenoble de 1983 à 1995 sous l’étiquette RPR. Sa notoriété est aussi affectée par une condamnation pour corruption dans les années 1990 : il a été condamné à cinq ans d’emprisonnement, dont quatre ans ferme. Cette trajectoire personnelle et judiciaire donne une tonalité particulière à sa campagne, centrée sur la sécurité.
Les affiches et le message « Stop à l’insécurité » placent la thématique sécuritaire au cœur de son projet municipal. Le candidat mise sur ce thème pour tenter de ravir la mairie à la gauche, déjà en place.
Un territoire marqué par la violence
Grenoble se trouve confrontée depuis plusieurs années à des épisodes de violence urbaines, notamment des fusillades liées au narcotrafic. Ces phénomènes ont contribué à installer une préoccupation publique sur la sécurité quotidienne et les réponses locales possibles.
Le 2024 a été ponctué d’un drame particulièrement sensible : en septembre 2024, un agent de la propreté, Lilian Dejean, a été tué par balle en pleine rue après s’être interposé lors d’un délit de fuite. Cet assassinat a profondément marqué la ville et relancé le débat sur les compétences municipales en matière de sécurité et la responsabilité politique dans la prévention de tels actes.
Actions municipales et limites des compétences
Le maire écologiste sortant, Éric Piolle, a régulièrement plaidé pour une intervention renforcée de l’État afin d’obtenir le déploiement de policiers nationaux sur le territoire communal. Conscient de l’angoisse suscitée par les violences, il a par ailleurs mis en place, à l’été 2024, une police de proximité intervenant dans deux quartiers dits sensibles de Grenoble.
Ces agents municipaux ne sont pas armés d’armes létales. Ils sont équipés, selon la municipalité, de pistolets à impulsion électrique, de bombes lacrymogènes et de bâtons télescopiques. Le maire s’est opposé à armer ces personnels d’armes létales et a également refusé d’accroître significativement le parc de caméras de vidéoprotection sur la ville.
Ces choix soulèvent des questions politiques et opérationnelles sur l’efficacité des outils déployés et sur la répartition des compétences entre la commune et l’État en matière de maintien de l’ordre et de sécurité publique.
Enjeux politiques et réactions
La thématique de la sécurité s’est imposée dans la campagne municipale, comme dans de nombreuses villes françaises. Elle est devenue un terrain de bataille entre candidats, chacun cherchant à convaincre d’un diagnostic et d’un programme plus efficaces.
Parmi les concurrents, Romain Gentil, candidat pour Place publique, a mis en garde contre certains discours : « Il faut que les forces de gauche s’emparent de ces sujets-là, pour éviter les débordements, la démagogie et la caricature. » Cette citation illustre la crispation politique autour du thème et la volonté de certains candidats de reprendre l’initiative face à des propositions perçues comme simplificatrices.
À ce stade, la campagne met en lumière des attentes citoyennes fortes sur la sécurité, tout en révélant les limites des marges de manœuvre municipales. Les décisions prises par la ville — allant de la création d’une police de proximité à l’équipement choisi pour ces agents — restent centralisées dans le débat électoral, sans que la question de la coordination avec l’État n’ait été définitivement tranchée.
La présence d’un candidat ancien maire et condamné pour corruption, qui fait de la sécurité son thème prioritaire, complexifie le paysage politique local. Elle oblige les électeurs et les acteurs politiques à confronter les enjeux de sécurité à des questions d’éthique publique et de mémoire politique.





