Faits et chronologie
Un homme de 32 ans, identifié comme Fara Tournier, est décédé samedi matin après avoir été grièvement blessé lors d’une intervention des forces de l’ordre en Nouvelle-Calédonie. La mort a été confirmée dimanche 21 septembre à l’Agence France-Presse (AFP) par la famille de la victime et par le procureur de la République, Yves Dupas.
Selon les éléments communiqués par le parquet à l’AFP, les blessures ont été reçues jeudi soir lors d’une intervention à Plum, commune du Mont-Dore, au sud de Nouméa. Une patrouille composée de trois gendarmes mobiles était intervenue pour une rixe liée à l’alcool, en marge d’une fête.
Version officielle : un véhicule qui aurait foncé sur les gendarmes
Le procureur Yves Dupas a indiqué qu’un conducteur de pick-up aurait, selon la version initiale des forces de l’ordre, foncé volontairement sur la patrouille, provoquant l’usage d’une arme par l’un des gendarmes et l’enchaînement de deux tirs.
Le gendarme mis en cause a expliqué, dans un premier communiqué publié vendredi, s’être « senti en danger immédiat » et n’avoir pas remarqué la présence sur la chaussée de la victime. Celle-ci aurait été « découverte inconsciente » après les deux coups de feu, selon la même source.
Témoignages contradictoires et observations médicales
Plusieurs témoins interrogés par l’AFP donnent toutefois une version différente des faits. Maiva, présente sur les lieux, affirme qu’« il y a eu trois coups de feu, et c’est le premier tir qui a atteint Fara ». Elle précise que la victime se trouvait « au milieu d’un groupe d’une dizaine de personnes, entre le pick-up et les gendarmes. N’importe qui aurait pu se prendre une balle ».
Le procureur a mentionné vendredi la « présence au niveau de la tête [de la victime] de plusieurs fragments dont l’origine n’est aucunement déterminée à ce stade », en se référant aux constatations médicales. Un témoin ayant porté secours à la victime a déclaré, sous le couvert de l’anonymat, à l’AFP : « c’est bien une balle qui a atteint Fara en pleine tête. Il avait un trou au niveau de l’œil gauche, et une énorme bosse à l’arrière du crâne ».
Ces éléments montrent une divergence entre la version des forces de l’ordre et les récits d’habitants présents sur place. À ce stade, le parquet précise que l’origine exacte des fragments relevés n’est pas établie.
Enquête judiciaire et qualification des faits
Le gendarme mis en cause a été placé sous le statut de témoin assisté dans le cadre d’une enquête ouverte pour « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, aggravées par l’usage d’une arme », a annoncé dimanche le parquet. Ce statut vise à permettre au mis en cause d’être assisté par un avocat tout en laissant ouverte la poursuite de l’enquête.
Les investigations devront notamment établir la dynamique exacte des tirs, la chronologie des événements et l’origine des fragments retrouvés au niveau de la tête de la victime. Elles s’appuieront sur les constatations médico-légales, les auditions des gendarmes, des témoins et toutes les pièces matérielles disponibles.
Constatations et suites possibles
Les autorités judiciaires n’ont pas, à ce stade, communiqué d’éléments supplémentaires sur l’identité du conducteur du pick-up ni sur des gardes à vue éventuelles. La famille de Fara Tournier et plusieurs témoins ont été cités dans les déclarations à l’AFP, ce qui illustre la polarisation des récits.
Les investigations en cours devront permettre de clarifier si la victime a été atteinte par l’un des coups de feu tirés par les gendarmes, si des projectiles non identifiés sont intervenus, ou si d’autres circonstances matérielles expliquent les blessures constatées. Le parquet a souligné l’incertitude actuelle quant à l’origine des fragments relevés près de la tête de la victime.
La procédure judiciaire se poursuivra afin de déterminer les responsabilités et, le cas échéant, les suites pénales adaptées à la qualification des faits retenue par les enquêteurs.