Procès de la sextape de Saint-Étienne : deux prévenus avouent avoir piégé l’élu Gilles Artigues, l’un les accuse et met en cause le maire Gaël Perdriau

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Sextape de Saint-Étienne : au premier jour du procès, deux prévenus ont reconnu avoir piégé et filmé l’élu Gilles Artigues. L’affaire, mêlant chantage, détournement de fonds via des associations et mise en cause du maire Gaël Perdriau, est jugée devant le tribunal correctionnel de Lyon.

Au premier jour du procès dit de « la sextape de Saint-Étienne », lundi 22 septembre, deux hommes ont reconnu devant le tribunal correctionnel de Lyon avoir tendu un piège filmé à un élu. Les aveux, rendus publics lors d’une audience qui se déroule sur plusieurs jours, mettent en cause des pratiques visant à compromettre un adversaire politique, selon les témoignages entendus.

Les aveux devant le tribunal

L’un des prévenus, Samy Kéfi-Jérôme, ancien adjoint à l’éducation, a déclaré avoir posé la caméra cachée qui a filmé Gilles Artigues dans une chambre d’hôtel parisienne en janvier 2015. Il a imputé la « commande » de l’opération à Pierre Gauttieri, alors directeur de cabinet du maire de Saint-Étienne, en expliquant que l’objectif était de « piéger Gilles Artigues sur son homosexualité refoulée ». Selon Kéfi-Jérôme, en échange de sa participation on lui avait promis « le soutien du maire aux élections législatives de 2017 ».

Très direct dans son intervention, Gilles Rossary-Lenglet, ancien compagnon d’un autre prévenu, a lui aussi reconnu son rôle. Il a décrit avoir « grenouillé dans le marécage politique stéphanois » et affirmé qu’un « contrat » avait été noué avec la direction municipale pour « tenir » Gilles Artigues. Sa présentation est allée plus loin : il a expliqué que la vidéo devait servir à « éviter qu’Artigues fasse un pu-putsch », expression qu’il a utilisée à la barre.

La projection des images et la réaction des intéressés

Le tribunal a diffusé à huis clos un montage des images volées, tandis que les prévenus et Gilles Artigues étaient présents dans la salle. La famille de M. Artigues a choisi de sortir pour ne pas assister à la projection. Celui-ci, ancien premier adjoint de la ville et connu pour ses positions conservatrices — il s’était, selon l’audience, opposé au mariage homosexuel — a été filmé à son insu en 2015 avec un escort-boy, détail confirmé par le témoignage du caméraman présumé.

Interrompu par la présidente du tribunal, Brigitte Vernay, Rossary-Lenglet a tenu des propos durs contre la victime, déclarant notamment : « J’ai fait la balle (…) qui a tué Gilles Artigues, sans aucun état d’âme ». La présidente a exprimé sa perplexité face à ce témoignage, jugeant que l’accusé reconnaissait des faits tout en cherchant simultanément à accabler d’autres personnes. « C’est déroutant : vous reconnaissez tout pour mieux accuser les autres », a-t-elle lancé.

Les accusations financières et les poursuites connexes

Lors de son récit, Gilles Rossary-Lenglet a affirmé avoir perçu 40 000 euros, somme qu’il dit provenir des fonds municipaux et avoir été transmise via des associations sous forme de subventions fictives. Dans ce volet financier de l’affaire, quatre responsables associatifs sont également renvoyés devant la justice, poursuivis pour « abus de confiance ». Selon l’accusation, ces dirigeants n’étaient pas nécessairement au courant du mobile politique de ces versements.

Le scandale a éclaté en 2022 lorsque Rossary-Lenglet a confié l’affaire à Mediapart, déclenchant une enquête et la mise en examen de plusieurs personnes. Les prévenus sont jugés notamment pour chantage, association de malfaiteurs et détournement de fonds publics, des chefs d’accusation rappelés dès l’ouverture du procès.

Le maire visé et la suite du procès

Gaël Perdriau, maire de Saint-Étienne et principal prévenu, nie avoir joué un rôle dans ce complot. Il encourt, selon l’information présentée au procès, une peine pouvant aller jusqu’à dix ans de prison ainsi qu’une inéligibilité. Son avocat, Jean-Félix Luciani, a affirmé que son client restait « combatif et déterminé » et qu’il n’avait pas renoncé à la mairie. M. Perdriau a par ailleurs déclaré à l’Agence France-Presse, quelques jours avant l’audience, qu’il « a besoin d’être débarrassé de cette épée de Damoclès ».

Le procès doit se poursuivre mardi avec la fin du témoignage de M. Rossary-Lenglet. Le maire pourrait être entendu mardi soir ou mercredi, selon le calendrier annoncé en audience. La semaine d’audience vise à éclaircir les responsabilités individuelles et les liens entre les différents protagonistes au cœur de ce dossier.

Les débats, qui mêlent accusations judiciaires et enjeux politiques locaux, se déroulent devant le tribunal correctionnel de Lyon et devraient permettre d’établir, au fil des témoignages et des pièces versées au dossier, l’étendue exacte des faits reprochés à chacun.

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