Au lendemain de leur déplacement en Moldavie aux côtés du Premier ministre polonais Donald Tusk, Emmanuel Macron et Friedrich Merz se retrouvent ce jeudi à Brégançon pour tenter de revitaliser la relation franco‑allemande et discuter de l’avenir de l’Europe.
Selon l’Élysée, « C’est un honneur qui est fait, une marque d’attention particulière du président de la République pour son homologue allemand ». Après un échange en équipes restreintes, les deux dirigeants tiendront un tête‑à‑tête avant un Conseil des ministres franco‑allemand et un Conseil franco‑allemand de défense et de sécurité le lendemain, à Toulon.
Un rendez‑vous chargé de symboles
Friedrich Merz devient le troisième chancelier allemand à être reçu au fort de Brégançon, après Helmut Kohl en 1985 et Angela Merkel en 2000, souligne le texte d’origine. Le rendez‑vous s’inscrit dans la continuité des rencontres bilatérales : Merz a été reçu à Paris dès son investiture, Emmanuel Macron a reçu Merz à Berlin en juillet, et les deux dirigeants ont effectué plusieurs déplacements conjoints, notamment à Kiev en juin puis à Washington le 18 août.
La réunion de Brégançon intervient dans un contexte international tendu. Le texte rappelle que la guerre en Ukraine reste dans l’impasse et que la relation transatlantique connaît des soubresauts. « Il y a une déception vis‑à‑vis des États‑Unis en Allemagne qui provoque vraiment un aiguillon pour se rapprocher de la France », observe un spécialiste des relations franco‑allemandes cité dans l’article.
Défense et sécurité au cœur des discussions
Les questions de défense devraient dominer l’agenda. Les dirigeants évoqueront en particulier les garanties de sécurité à fournir à l’Ukraine dans l’hypothèse d’un accord de paix avec la Russie, ainsi que les dossiers sensibles comme le nucléaire iranien et la situation à Gaza.
Un volet technique majeur concerne le programme franco‑allemand du Système de combat aérien du futur (SCAF). Le texte indique que le programme connaît actuellement des turbulences, après que Dassault a proposé de revoir son organisation et de désigner un maître d’œuvre. Un document révélé par Reuters et adressé à la commission budgétaire du Parlement mentionne que le ministère allemand de la Défense met en garde contre les conséquences éventuelles de concessions, tant sur les capacités de l’avion que sur l’implication de l’industrie allemande.
Friedrich Merz a déclaré qu’aucune avancée majeure n’était attendue cette semaine, mais qu’il restait « un sujet incontournable ». Il a ajouté : « J’espère que nous parviendrons à un accord, car l’Europe doit se doter d’un nouvel avion de combat », en visant une issue d’ici la fin de l’année.
Le ministre français de la Défense, Sébastien Lecornu, avait lui‑même estimé fin juillet que le programme se trouvait « dans un moment de vérité » à l’approche du lancement de la phase 2, qui prévoit la construction d’un prototype d’avion de combat.
Compétitivité, commerce et divergences industrielles
Au‑delà de la défense, l’agenda bilatéral portera sur la compétitivité européenne et la convergence des réformes économiques et sociales. Le texte note cependant que l’objectif européen est perturbé par l’instabilité politique en France résultant des législatives de 2024 et par une situation budgétaire qui complique le financement d’investissements communs.
Sur le plan commercial, des tensions persistent. Face aux droits de douane américains, Berlin pousse l’Europe à diversifier ses partenariats via de nouveaux accords de libre‑échange. Paris, pour sa part, continue de rejeter le texte signé avec les pays latino‑américains du Mercosur. Les discussions avec Washington cet été sur les droits de douane ont, selon le texte, mis en lumière des divergences franco‑allemandes : chaque pays défend séparément ses intérêts industriels auprès de la Maison‑Blanche.
Stratégiquement, ce rapprochement vise à concilier ambition d’un renforcement du poids allemand sur la scène internationale et volonté française d’impulser des initiatives communes pour la défense et l’industrie européenne. Le texte rappelle que Merz, déterminé à renforcer l’influence de l’Allemagne, est confronté à ses premières turbulences au sein de sa coalition avec les sociaux‑démocrates.
En dépit des désaccords industriels et politiques, le sommet de Brégançon doit, selon le texte fourni, marquer un moment important dans les relations entre les deux pays moteurs du continent. Les discussions sur la défense, le SCAF et les garanties de sécurité pour l’Ukraine restent les points les plus saillants de cet échange bilatéral.
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