Mardi 4 novembre 2025 dans la soirée, le lanceur lourd européen Ariane‑6 a décollé du centre spatial de Kourou, en Guyane française, emportant le satellite d’observation Sentinel‑1D, a constaté sur place un correspondant de l’Agence France‑Presse (AFP).
Le tir est intervenu à 18 h 02, heure locale (22 h 02, heure de Paris). La séparation entre le lanceur et le satellite a eu lieu 33 minutes et 51 secondes après le décollage, selon les données de la mission.
Objectif orbital et caractéristiques techniques
Le satellite doit être placé sur une orbite héliosynchrone à 693 km d’altitude. Ce type d’orbite permet à l’engin de survoler chaque point de la Terre à la même heure solaire, facilitant ainsi la comparaison des observations au fil du temps.
Sentinel‑1D pèse un peu plus de deux tonnes et constitue la première étape de sa mise en orbite. Sa durée de vie prévue est de sept ans et demi. Il rejoindra son jumeau Sentinel‑1C, lancé en décembre 2024, et prendra la relève de Sentinel‑1A, mis en service en 2014 et désormais proche de la fin de sa vie opérationnelle.
Capacités d’imagerie et usages
Construit par Thales Alenia Space dans le cadre du programme Copernicus — l’outil d’observation de la Terre de l’Union européenne — Sentinel‑1D embarque un instrument radar avancé. Ce radar à synthèse d’ouverture peut produire des images quelles que soient les conditions météorologiques et à toute heure du jour et de la nuit, y compris à travers les nuages.
Ces capacités permettront de fournir des données essentielles aux scientifiques, aux autorités publiques et aux institutions internationales. Parmi les usages annoncés figurent le suivi de la glace de mer, des icebergs et des glaciers, la détection des déversements d’hydrocarbures, la surveillance des déforestations et l’observation des effets du changement climatique, tels que les inondations et les glissements de terrain.
Place de la mission dans la trajectoire d’Ariane‑6
Il s’agit du troisième vol commercial d’Ariane‑6 depuis la mise en service du lanceur l’an dernier. Le vol inaugural d’Ariane‑6 avait eu lieu en juillet 2024 ; il avait permis à l’Europe de retrouver un accès autonome à l’espace, malgré l’échec de la rentrée atmosphérique contrôlée de l’étage supérieur en fin de mission.
Depuis, la fusée a effectué deux autres lancements commerciaux au cours de l’année : le 6 mars avec un satellite militaire et le 13 août avec un instrument météorologique, selon le calendrier de l’opérateur.
Au moins un quatrième vol commercial d’Ariane‑6 est prévu d’ici la fin de l’année. À la mi‑septembre, Arianespace avait révisé à la baisse son prévision pour 2025, annonçant désormais quatre lancements commerciaux contre cinq auparavant. L’entreprise a par ailleurs indiqué son intention d’augmenter sensiblement le rythme des vols en 2026, en visant environ le double de ces chiffres.
Enjeux stratégiques et observations
Le retour d’un lanceur lourd européen capable de placer des charges utiles importantes en orbite est considéré comme un atout stratégique pour l’Europe. Ces capacités sont jugées d’autant plus importantes dans un contexte géopolitique marqué par des réorientations internationales et des coopérations changeantes entre grandes puissances.
La mission Sentinel‑1D illustre la combinaison d’objectifs scientifiques et opérationnels : elle renforce une constellation qui fournit des informations exploitables pour la sécurité maritime, la gestion des catastrophes naturelles et le suivi environnemental à grande échelle.
Les prochains mois permettront de vérifier la performance de Sentinel‑1D après sa mise en service opérationnelle et d’observer si le calendrier de lancements d’Ariane‑6 se maintient, conformément aux annonces d’Arianespace.
