Clap de fin pour les 329 membres du Comité économique et social européen (CESE) : le 18 septembre 2025 marque la clôture de la mandature 2020-2025 de cet organe consultatif présidé par l’Autrichien Oliver Röpke, qui représente la société civile organisée auprès des institutions de l’Union européenne.
Un mandat traversé par des crises majeures
Les cinq années écoulées ont été rythmées par une succession d’événements historiques ayant placé le CESE en première ligne des échanges entre acteurs socio-économiques et décideurs européens. Dès l’entrée en fonction, en octobre 2020, les membres ont dû composer avec la crise du Covid‑19. « Durant près de deux ans, nous n’avons pas pu nous réunir physiquement. J’ai pu constater que la qualité de notre travail dépendait beaucoup des discussions souvent informelles que nous pouvons avoir », rappelle Thierry Libaert, membre du CESE et point de contact de la délégation française.
Le Brexit, effectif le 31 janvier 2020, a ajouté des difficultés pratiques dans les mois qui ont suivi la sortie du Royaume‑Uni de l’Union, tandis que l’invasion russe de l’Ukraine, débutée à la fin février 2022, a fortement mobilisé les membres sur des sujets liés à l’énergie, au coût de la vie et à la défense.
Actions et priorités portées par le CESE
Face à ces crises, le CESE a accru son activité : il participe au processus législatif européen et élabore, à titre d’initiative, entre 160 et 190 avis et rapports d’information par an en moyenne. Le Comité peut également émettre des avis d’initiative et produire des rapports destinés à la Commission, au Parlement et au Conseil européens.
Parmi les avancées concrètes qu’il revendique, le CESE a initié le premier texte européen contre l’obsolescence programmée et promu l’idée d’un « Blue Deal », calqué sur le Green Deal, pour inciter davantage la Commission à investir sur les questions liées à l’eau.
Le Comité a aussi mis l’accent sur l’intégration des enjeux sociaux dans la lutte contre le dérèglement climatique, notamment dans le cadre de la loi sur la restauration de la nature, ainsi que sur la consolidation du marché intérieur face à la concurrence des plateformes asiatiques d’e‑commerce. La réorientation des approvisionnements européens après la guerre en Ukraine figure aussi parmi les thèmes majeurs de la mandature.
La délégation française : implication et bilan chiffré
La délégation française, très investie, compte 24 membres — l’un des contingents les plus fournis au sein du CESE — et s’est dite productive au cours de la mandature. Ses représentants ont participé à près de 600 groupes d’étude et ont été rapporteurs sur 80 avis, selon les bilans présentés.
Thierry Libaert souligne que le travail du Comité dépasse la simple rédaction d’avis : « Nous cherchons en permanence à parvenir aux meilleurs consensus pour élaborer des textes sur des sujets transmis par le Parlement européen, le Conseil ou la Commission, plus proches de la réalité sociale, économique et environnementale que nous vivons sur le terrain. » Il met en avant l’attention portée aux préoccupations de la jeunesse, via le « youth test », et l’inclusion des personnes en situation de handicap dans les avis votés par le CESE.
Un modèle de fonctionnement par le compromis
Le CESE se veut une institution fondée sur le consensus. « Nous avons acquis la certitude qu’une Europe forte ne peut se faire sans la participation des organisations de la société civile, que nous représentons », affirme encore Thierry Libaert, qui siège au CESE depuis 2010 au sein du groupe III (« Organisations de la société civile »).
Selon lui, la méthode qui a fait le succès du Comité reste la recherche permanente du plus large accord : une pratique de compromis qui, malgré des contextes politiques parfois conflictuels — notamment en France et dans d’autres États membres — a permis d’avancer sur des dossiers concrets.
Le mandat 2020‑2025, « fourni et concret », laisse la place à une nouvelle mandature renouvelée à près de 40 %. La composition définitive sera connue le 29 septembre 2025, avant que l’ensemble des membres issus des 27 États membres ne se retrouve à Bruxelles, du 21 au 23 octobre 2025, pour la session inaugurale de la mandature 2025‑2030.
Pour conclure, les représentants français se disent fiers du bilan et conscients des défis à venir : contribuer au renforcement de l’Europe, porter les questions de souveraineté et de défense, et placer la triple crise environnementale — climat, biodiversité, pollution généralisée — au cœur des débats futurs.