Erasmus+ et transformation numérique (2021–2027) : digitalisation des learning agreements, carte étudiante européenne, compétences numériques, inclusion et prévention

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Face à la transformation numérique, Erasmus+ place la transition digitale au cœur de ses priorités 2021–2027 : digitalisation des learning agreements, carte étudiante européenne et mobilisation de formats hybrides et intensifs. Le programme renforce compétences numériques et inclusion, prévient les risques (désinformation, cyberharcèlement), questionne l’impact environnemental et mutualise les bonnes pratiques via SALTO Digital.

La transformation numérique n’est plus une abstraction : elle touche désormais de nombreux aspects de la vie quotidienne et institutionnelle. Selon Eurostat, 88 % des Européens utilisent Internet au quotidien, un taux qui s’élève à 97 % pour la tranche d’âge 16–29 ans. Ce constat influe profondément sur l’éducation, les pratiques d’apprentissage et la conduite des politiques publiques.

Un enjeu prioritaire pour Erasmus+

« La révolution numérique nous transforme et bouleverse nos vies », affirme Nelly Fesseau, directrice de l’Agence Erasmus+ France Éducation Formation. « C’est pourquoi il s’agit d’une des quatre priorités du programme Erasmus+ sur la période 2021–2027. »

Le programme Erasmus+ a déjà permis à plus de 16 millions de citoyens européens d’effectuer une mobilité, dont environ 2 millions de Français. Au‑delà des mobilités classiques, il s’est emparé des enjeux liés à la transformation numérique et propose des solutions concrètes pour accompagner établissements, enseignants et étudiants dans cette transition.

Des outils concrets pour faciliter la mobilité

Parmi les mesures déployées, la numérisation des contrats pédagogiques et la généralisation de la carte étudiante européenne simplifient la gestion administrative des mobilités. Plusieurs établissements ont digitalisé leurs procédures : plus d’un établissement d’enseignement supérieur français sur deux serait désormais engagé dans la numérisation des learning agreements afin de fluidifier les parcours des étudiants et des équipes pédagogiques.

Depuis 2021, Erasmus+ propose également des mobilités hybrides, combinant séjours à l’étranger et activités en ligne. Entre 2021 et 2024, 27 000 mobilités hybrides ont été organisées, ce qui a contribué au maintien de l’activité du programme pendant la pandémie de Covid‑19. Sur l’exercice 2024/2025, 10 % des mobilités comprenaient une composante virtuelle visant à préparer le séjour, à suivre des cours en ligne ou à prolonger l’apprentissage.

Exemples pédagogiques : podcasts et programmes intensifs hybrides

Des initiatives concrètes illustrent ces formats. À l’université de Caen, des étudiants de littérature germanique se sont associés à leurs homologues de la Julius‑Maximilians‑Universität de Würzburg (Allemagne) pour produire une série de podcasts consacrés aux lieux de mémoire. Le projet s’est déroulé en trois temps : échanges en ligne pour établir le socle théorique, visites et interviews sur des sites mémoriels en France et en Allemagne, puis montage final réalisé dans les universités respectives.

Les « programmes intensifs hybrides » (Blended Intensive Programs) se sont également révélés adaptés aux séjours courts ou aux projets de groupes, en combinant travail à distance et sessions présentielles concentrées.

Compétences numériques et inclusion

Les mobilités Erasmus+ visent aussi à développer des compétences larges : linguistiques, professionnelles (nouvelles techniques et méthodes de travail) et transversales (autonomie, esprit d’initiative). Une représentante de la Commission européenne chargée des politiques de l’éducation a souligné que « 50 % des Européens ont aujourd’hui des lacunes en termes de compétences numériques basiques ». Combler ce fossé figure parmi les objectifs de l’Union des compétences, un plan visant à améliorer la qualité de l’éducation, de la formation et de l’apprentissage tout au long de la vie.

Pour appuyer les agences nationales, un centre de ressources baptisé SALTO Digital — coordonné par l’agence finlandaise — collecte et diffuse les bonnes pratiques pour accélérer la transformation numérique du programme.

Risques numériques et prévention

La numérisation ouvre des opportunités mais comporte des risques. « Elle comporte aussi un certain nombre de risques comme la baisse de l’attention, la désinformation ou le cyberharcèlement », avertit Mathieu Roumégous, directeur de l’Agence Erasmus+ France Jeunesse & Sport. Pour lui, Erasmus+ est un « atout » pour répondre à ces défis : « Il dote les jeunes citoyens de l’ensemble des compétences associées à la transformation numérique, à la fois techniques, mais aussi sociales », ajoute‑t‑il.

Sur la prévention, des actions locales se multiplient. Le rectorat de l’académie de Montpellier s’est associé à des structures éducatives suédoises et britanniques pour concevoir Be Aware Online, un jeu destiné à sensibiliser les élèves du primaire aux dangers d’Internet. Expérimenté en classes montpelliéraines, l’outil est désormais accessible librement au public.

Impact environnemental et réflexion collective

La montée en puissance des usages numériques, et en particulier de l’intelligence artificielle générative, pose par ailleurs un enjeu environnemental. En 2023, la consommation d’eau de Google pour refroidir ses data centers a été évaluée à 24 millions de m3 — l’équivalent, selon l’article, de 9 600 piscines olympiques.

« Il faut aussi former des étudiants conscients de ces aspects‑là », insiste Erwan Paitel, représentant international du comité directeur de l’Observatoire international sur les impacts sociétaux de l’IA et du numérique. « On ne peut plus être étudiant sans avoir une conscience de ce qu’est la technologie et de ce qu’elle peut apporter, mais aussi de ses limites », conclut‑il, jugeant Erasmus+ comme « un bras armé de la réflexion collective ».

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