Nouvelle stratégie américaine : l’UE ciblée comme enjeu, appel à une Europe autonome en défense et remise en cause de l’expansion de l’OTAN face à la Russie

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Un document stratégique américain rendu public le 5 décembre redessine la vision de Washington sur la sécurité européenne : il identifie l’Union européenne comme enjeu d’une nouvelle compétition, préconise une réorientation des relations transatlantiques, appelle l’Europe à prendre en charge sa défense et remet en cause l’expansion de l’OTAN, posant des questions sur la gestion de la Russie et l’avenir de l’alliance dans le contexte de la guerre en Ukraine.

Un document stratégique américain rendu public le 5 décembre redessine sans détour la vision de Washington sur la sécurité européenne et marque une rupture nette avec l’ère post‑1945. Long de 33 pages, ce texte identifie explicitement l’Union européenne comme cible d’une nouvelle compétition stratégique et recommande une réorientation de l’engagement américain en Europe.

Un ton offensif, des objectifs clairs

Le document adopte un ton frontal et offensive. Donald Trump y écrit noir sur blanc que l’objectif américain « devrait être d’aider l’Europe à corriger sa trajectoire actuelle ». Cette prise de position, relayée par le texte, suscite des réactions vives et souligne une volonté déclarée de remodeler les relations transatlantiques.

Le rapport va jusqu’à anticiper des transformations profondes du continent. Il affirme que l’Europe pourrait être « méconnaissable dans vingt ans ou moins » si les tendances actuelles persistent, évoquant des facteurs tels que la chute de la natalité, la perte d’identités nationales, la répression des oppositions politiques, la censure de la liberté d’expression, « l’asphyxie réglementaire » et l’immigration.

Critiques européennes et réactions politiques

Plusieurs responsables européens ont réagi. En Allemagne, Johann Wadephul, ministre des Affaires étrangères par la voix rapportée du texte, a rejeté l’idée selon laquelle l’Europe aurait besoin de « conseils venant de l’extérieur » en matière de « liberté d’expression » ou d’ »organisation des sociétés libres ». Le document, indique‑t‑on, s’inscrit dans une lignée de prises de position en rupture avec l’approche traditionnelle des alliés.

L’analyse de Sébastien Maillard, conseiller spécial à l’Institut Jacques Delors et citée dans le texte, estime que le document s’inspire d’une rhétorique MAGA (Make America Great Again) et confirme des craintes d’
interférence politique américaine en Europe. Le rapport note par ailleurs que certains thèmes repris par l’auteur s’alignent sur ceux portés par l’extrême droite, citant des soutiens ou des convergences avec des acteurs politiques européens.

Sécurité, Russie et redéfinition de l’OTAN

Sur les questions de sécurité, le document invite l’Europe à assumer « la responsabilité première de sa propre défense ». Il précise, selon le texte, qu’il est dans « l’intérêt primordial » des États‑Unis d’aboutir à une cessation des hostilités négociée en Ukraine, et que la gestion des relations européennes avec la Russie nécessitera un engagement diplomatique américain significatif pour rétablir une stabilité stratégique en Eurasie.

Le rapport appelle également à « mettre fin à la perception, et empêcher la mise en place [d’un] OTAN comme alliance en extension perpétuelle » — une formule qui, même à demi‑masquée, apparaît adressée à Moscou et pose comme condition rouge toute adhésion ukrainienne perçue comme une reconnaissance tacite d’une zone d’influence.

Le texte compare par ailleurs les approches de sécurité des administrations américaines récentes. Il souligne que l’administration de Joe Biden, en octobre 2022, a mentionné la « Russie »—ou le terme « russe »—71 fois, tandis que, pour le camp républicain en novembre 2025, le compteur affiche 10 références. Ces éléments sont présentés pour illustrer des différences de degré et de tonalité dans le discours stratégique américain.

Impacts diplomatiques et économiques

Le document plaide pour une relation bilatérale redéfinie entre Washington et les capitales européennes, plus axée sur des partenariats économiques ciblés que sur la solidarité transatlantique classique. Il laisse entendre que Washington privilégierait désormais des engagements susceptibles de déboucher sur des investissements économiques potentiellement lucratifs.

Ce repositionnement provoque des critiques de la part des gouvernements européens, accusés dans le texte d’entretenir des « attentes irréalistes » concernant l’issue du conflit ukrainien. Selon le document, une majorité d’Européens souhaite la paix, mais ce désir ne se traduira pas nécessairement en politiques cohérentes, en partie à cause de la subversion supposée des processus démocratiques par certains gouvernements.

Réaffirmations et appel à l’unité

Interrogée lors d’une conférence à Doha, au Qatar, la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas a répondu le 6 décembre que les États‑Unis restaient « le plus grand allié » de l’Union européenne, tout en reconnaissant l’existence de critiques fondées entre les deux rives de l’Atlantique. Elle a appelé les deux alliés historiques à « rester unis » dans le contexte géopolitique sensible décrit par le document.

Ce texte stratégique, tel que rendu public, pose une double question : jusqu’où Washington entend modifier ses engagements en Europe, et comment les États européens réagiront face à une vision qui met en cause leurs trajectoires démographiques, politiques et sociales. Le document ouvre un débat sur la nature future de l’alliance transatlantique et sur les responsabilités de chacun en matière de sécurité et de stabilité régionale.

Parlons Politique

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