Chaque mois de septembre ramène ses rituels : la rentrée scolaire, la reprise des embouteillages, et, depuis 2010, le discours sur l’état de l’Union. Quinze ans après son instauration, le SOTEU (State of the European Union) est devenu un rendez‑vous politique majeur au calendrier européen.
Une tradition institutionnelle ancrée
Institué en 2010, le discours sur l’état de l’Union s’est imposé comme un temps fort de la vie institutionnelle européenne. Il offre à la présidente de la Commission un créneau pour dresser le bilan de l’année écoulée et exposer les priorités pour les mois à venir.
Prononcé devant les eurodéputés réunis en session plénière à Strasbourg, l’intervention dure près d’une heure. Elle est suivie d’un débat qui permet aux députés d’interroger la Commission et de confronter leurs visions. Cette séquence — allocution puis débat — est devenue la routine attendue du début d’automne.
Le contexte de la prise de parole d’Ursula von der Leyen
Le 10 septembre prochain à Strasbourg, Ursula von der Leyen prononcera le premier discours sur l’état de l’Union de son second mandat, le cinquième depuis son accession à la tête de la Commission en 2019, selon le texte d’origine. Elle avait déjà annoncé en mars dernier, lors de ses « 100 premiers jours », vouloir « construire une Europe plus forte, plus sûre et plus prospère. »
La présidente est attendue la semaine prochaine pour donner « corps à cette ambition ». Le texte indique qu’elle « livrera ses premiers éléments de réponse le 10 septembre prochain, à partir de 9h », et que ce discours servira d’occasion pour juger si la Commission a entendu les messages adressés par le Parlement.
Thèmes prioritaires et tensions internationales
Le SOTEU se déroulera dans un contexte marqué par plusieurs tensions internationales persistantes. La guerre en Ukraine, qualifiée dans le texte de « défi central », demeure un sujet majeur ; la présidente devrait rappeler le soutien constant apporté à Kiev, sous forme d’aide militaire, humanitaire et financière.
Autre foyer de tensions évoqué : le Moyen‑Orient, et plus particulièrement la situation humanitaire à Gaza, qui suscite de vives inquiétudes. Le texte mentionne les appels, jusqu’ici infructueux, au cessez‑le‑feu et au respect du droit international, ainsi que les divisions au sein des Vingt‑Sept sur d’éventuelles sanctions contre Israël, notamment le réexamen de l’accord d’association.
Sur le plan économique, l’été a été marqué par un accord commercial avec les États‑Unis qui introduit des droits de douane de 15% sur certaines exportations européennes. Ce dossier devrait alimenter les réactions des eurodéputés après le discours.
Un Parlement plus fragmenté
Au‑delà des annonces, le SOTEU sert aussi de baromètre politique. Le Parlement européen, profondément renouvelé après les élections de 2024, apparaît aujourd’hui plus fragmenté que jamais.
Selon les chiffres fournis dans le texte, le Parti populaire européen (PPE), dont émane Ursula von der Leyen, reste la première force politique avec 188 élus. Il doit toutefois composer avec des partenaires affaiblis : les sociaux‑démocrates (S&D) comptent 136 députés, Renew Europe 75 et les Verts 53.
La progression de l’extrême droite a redessiné le paysage parlementaire, réparti désormais en trois groupes distincts : Les Patriotes pour l’Europe (85 élus), les Conservateurs et Réformistes européens (79) et Europe des Nations souveraines (27).
Dans ce contexte fragmenté, les relations entre la présidente de la Commission et ses soutiens traditionnels au Parlement se sont tendues. Plusieurs groupes du centre et de la gauche (Renew, S&D, Verts) ont récemment adressé des avertissements à Ursula von der Leyen, lui reprochant certains compromis, en particulier sur le rythme des avancées du Pacte vert.
En juillet dernier, ces tensions se sont matérialisées lors du rejet d’une motion de censure déposée par l’extrême droite. Si la Commission a finalement survécu au vote, le scénario n’avait pas eu lieu depuis plus de dix ans, selon le texte initial.
Un discours attendu et scruté
Traditionnellement, le SOTEU n’a pas lieu les années d’élections européennes, car la Commission est en renouvellement. La dernière édition remontait donc au mois de septembre 2023, rappelle le document de départ, et Ursula von der Leyen avait alors défendu son bilan.
Le discours du 10 septembre sera donc scruté : il permettra non seulement de mesurer les priorités de la Commission, mais aussi d’évaluer sa capacité à rassembler au Parlement. Comme l’a averti Valérie Hayer, présidente de Renew, « le discours sur l’état de l’Union en septembre sera l’occasion de juger si la Commission a entendu notre message ».
La session à venir devrait confirmer si les ambitions affichées par la Commission se traduisent en actions concrètes, et si l’exécutif européen parviendra à naviguer dans un Parlement plus fragmenté qu’auparavant.