Loi Duplomb : Sylvie Goulard alerte sur une triple dérive économique, scientifique et européenne et réclame transparence, protection et alternatives

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Votée en catimini, la loi Duplomb déclenche une vive controverse : ses détracteurs y voient un choix pro‑extractif qui oppose à tort économie et environnement. Ils demandent transparence, protection des travailleurs agricoles et alternatives (agroécologie, innovations hydriques).

Votée en catimini par une commission paritaire, la « loi Duplomb » suscite une vive controverse. Pour ses détracteurs, elle ne se limite pas à une anomalie procédurale : elle illustre, disent-ils, une dérive triple touchant l’économie, la science et la place de l’Europe dans la régulation environnementale. Ce diagnostic appelle à interroger à la fois les objectifs du texte, ses effets potentiels sur les secteurs productifs et l’équilibre entre protection de la nature et compétitivité nationale.

Économie et environnement : une fausse opposition

Le débat public s’use autour d’une polarisation présentée comme irréductible : économie contre écologie. Cette fracture binaire simplifie les enjeux, estiment plusieurs observateurs, en opposant d’un côté la « décroissance » et, de l’autre, le refus d’une « écologie punitive ». Or la réalité est plus complexe : les besoins d’emplois et d’un environnement sain ne sont pas incompatibles. La mission du Parlement, dans cette perspective, est de rechercher un équilibre durable entre création de valeur et préservation des conditions naturelles qui la rendent possible, en commençant par la protection des travailleurs agricoles.

Les conséquences concrètes de l’altération des ressources naturelles existent déjà, rappellent des responsables économiques. « Détruire la nature, c’est détruire l’économie. » Cette phrase est signée Frank Elderson, membre du directoire de la Banque centrale européenne. Le manque d’eau, par exemple, a entraîné une hausse des prix des matières premières et a été invoqué comme facteur de risque de fermeture de centrales nucléaires (selon EDF). À terme, relèvent ces voix, c’est la stabilité du système économique et financier qui peut être affectée si les services fournis par les écosystèmes — approvisionnement en eau, pollinisation, régulation climatique — continuent de se dégrader.

Science, politiques publiques et décisions parlementaires

La critique adressée à la loi Duplomb dépasse le seul champ économique ; elle interpelle aussi la relation entre science et décision politique. Le texte est accusé de consolider un modèle économique dit « extractif » au moment où, selon ses opposants, des signaux scientifiques montrent la nécessité de favoriser la régénération des milieux. Cette critique prend un relief particulier à la lumière de la gestion de la pandémie de Covid‑19 : au plus fort de la crise, les autorités ont interrompu l’activité économique pour protéger la santé publique, quitte à générer des déficits importants. Cinq ans plus tard, soulignent certains, le Parlement opterait pour la consolidation d’un modèle jugé condamnable à terme, plutôt que pour l’encouragement de pratiques régénératrices.

Dans ce débat, l’appel au « respect de la science » est récurrent : il s’agit de mieux intégrer les connaissances sur les limites planétaires et les services écosystémiques dans les choix législatifs. Cela suppose également de reconnaître la valeur du « capital naturel » et du « capital humain », souvent considérés à tort comme des ressources inépuisables et gratuites.

Solutions pragmatiques et innovations disponibles

Les critiques de la loi ne se contentent pas de dénoncer : elles proposent des voies alternatives, parfois inspirées de pratiques anciennes et parfois issues de technologies récentes. Parmi les mesures fréquemment évoquées figurent la plantation de haies pour lutter contre l’érosion et favoriser la biodiversité, ainsi que la protection des pollinisateurs, indispensables à de nombreuses cultures. Sur le plan technologique, des outils comme l’intelligence artificielle pour optimiser l’irrigation sont cités comme moyens d’améliorer l’efficience de l’usage de l’eau et de réduire les pressions sur les ressources.

Ces pistes montrent qu’il existe des réponses mixtes — agroécologie, amélioration des pratiques agricoles, recours ciblé à des innovations — susceptibles d’articuler objectifs économiques et impératifs environnementaux. Le débat porte donc moins sur l’existence de solutions que sur les choix politiques pour les promouvoir et les financer.

La controverse autour de la loi Duplomb renvoie enfin à une question démocratique : la manière dont sont prises et justifiées les décisions ayant des conséquences durables sur les milieux et les filières. Qu’elle soit qualifiée d’« anomalie démocratique » ou défendue par ses partisans comme une réponse aux préoccupations de compétitivité, la loi pose la nécessité d’un dialogue transparent entre scientifiques, acteurs économiques et représentants élus, afin que les arbitrages intègrent à la fois la rigueur des connaissances et la protection des populations les plus exposées, notamment les travailleurs agricoles.

À défaut d’un consensus, le récent vote illustre l’intensité d’un débat qui devrait, selon de nombreux experts, se poursuivre autour des moyens concrets de concilier viabilité économique et pérennité des services écosystémiques.

Parlons Politique

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